Non seulement Québec solidaire (QS) est parvenu à conserver ses six sièges à Montréal, mais le parti de gauche a gagné du terrain, arrachant au moins une circonscription autrefois acquise au Parti libéral du Québec (PLQ).
Les co-porte-parole Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois regagnent facilement leur place à l’Assemblée nationale. Mais deux victoires causent particulièrement la surprise. Maurice-Richard devient une nouvelle circonscription de Québec solidaire. Le candidat Haroun Bouazzi y a été élu avec environ 35% des voix. La députée qui y siégeait, Marie Montpetit, a été exclue du PLQ lors de la dernière session parlementaire. L’autre gain potentiel est Verdun. Vers 22h20, la lutte demeurait serrée, mais le candidat solidaire menait avec 32% des voix.
Trois députés importants au sein de QS seront aussi de retour. La responsable du parti en matière de transition écologique et députée de Mercier, Ruba Ghazal, regagne son siège. Il en va de même pour le responsable en matière de logement, Andrés Fonticella, qui siège dans Laurier-Dorion, et pour le responsable en matière de justice sociale, Alexandre Leduc, dans Hochelaga-Maisonneuve. Vincent Marissal, responsable en matière de santé, a aussi été réélu dans Rosemont. Il a défait son plus proche adversaire, le candidat péquiste Pierre-Luc Brillant.
Dans le secteur de Québec, Étienne Grandmont a remporté la circonscription de Taschereau, où siégeait auparavant Catherine Dorion. Sol Zanetti a aussi été réélu dans Jean-Lesage. La députée Christine Labrie regagne sa place dans Sherbrooke. La députée Émilise Lessard-Therrien n’a pas connu le même sort, dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue. C’est le caquiste Daniel Bernard qui prend sa place.
Duel au sommet
Tout au long de la campagne, Gabriel Nadeau-Dubois et François Legault se sont mutuellement désignés comme adversaires principaux. La CAQ a mis les bouchées doubles pour couler Québec solidaire, notamment en distribuant des tracts dénonçant les «taxes orange». «Nous, à la CAQ, on pense, surtout avec la situation de l’inflation actuellement, qu’il faut redonner de l’argent aux Québécois», avait critiqué le premier ministre sortant François Legault, en cours de campagne.
Gabriel Nadeau-Dubois, lui, avait décrit sa formation comme «le rempart contre la CAQ à Montréal» au cours des derniers jours. «À Montréal, la question à se poser, c’est: dans les dernières années, quel parti a talonné François Legault sur le logement? Quel parti a talonné François Legault sur le climat? C’est Québec solidaire», avait-il clamé.
Une analyse de Frédérick Guillaume Dufour de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et François Tanguay de l’Université de Montréal identifiait Québec solidaire comme le parti ayant les meilleures chances de séduire l’électorat de la gauche fédéraliste. «Cette case est occupée par un Parti vert qui s’est discrédité, et le PLQ semble avoir de la difficulté à se situer. Un vote pour QS devrait apparaître au moins comme un mariage de raison, si ce n’est de cœur, pour une grande partie de cet électorat», écrivaient-ils.
La semaine dernière, Gabriel Nadeau-Dubois avait affirmé qu’il serait «l’allié» de François Legault en ce qui concerne les changements climatiques.