Les promoteurs du projet de Cap-Nature ont envoyé une mise en demeure à la mairesse de Montréal. Ils réclament que leur projet immobilier aille de l’avant malgré la création du Grand parc de l’Ouest. Une réplique qui était «prévisible», selon Valérie Plante.
Une mise en demeure adressée «personnellement» à la mairesse de Montréal et au maire de Pierrefonds-Roxboro, Jim Beis, a été envoyée le 14 août par trois promoteurs immobiliers.
Développements Pierrefonds, les Immeubles L’Équerre et Quartier de l’Ouest de l’île comptent parmi les entrepreneurs qui oeuvrent depuis 14 ans pour concrétiser un projet de 5500 logements dans le secteur Pierrefonds-Ouest.
Or, le site prévu pour ce développement immobilier est inclus dans la délimitation du parc de plus de 3200 hectares que la Ville compte aménager dans l’Ouest de l’île de Montréal.
Les promoteurs demandent donc à la Mme Plante et à M. Beis de les rencontrer d’ici 15 jours pour confirmer la réalisation de ce projet immobilier. Si la Ville refuse, ils iront en Cour afin de réclamer des dommages qui pourraient s’élever «à plusieurs centaines de millions de dollars», indique la mise en demeure.
Expropriation déguisée
Les promoteurs envisagent notamment de réclamer un remboursement des taxes municipales payées «sur la base d’un zonage résidentiel» au cours des dernières années. Ils réclament en sus la valeur des terrains visés en raison de ce qu’ils qualifient d’«expropriation déguisée évidente».
Mme Plante a notamment qualifié le projet immobilier d’«inacceptable», entre autres parce qu’il est prévu sur des terrains inondés au printemps dernier. Selon les promoteurs, la mairesse Plante agit de «manière préjudiciable» et «opportuniste» en affirmant que leurs propriétés sont «non développables».
«Ils contreviennent à leur obligation d’agir en tout temps de bonne foi, causant consciemment et sciemment par la même occasion un préjudice considérable», affirment-ils.
«Il sera de loin plus constructif que les parties continuent à travailler ensemble pour réaliser le projet Cap-Nature Pierrefonds-Ouest, lequel répond aux besoins et attentes des citoyens et familles de l’arrondissement.» – Extrait de la mise en demeure
Dans un rapport publié en septembre 2017 portant sur l’avenir de Pierrefonds-Ouest, l’Office de consultation publique de Montréal avait souligné que ce projet immobilier soulève un «problème majeur d’acceptabilité sociale».
Une mise en demeure «prévisible»
Valérie Plante n’a pas semblé surprise, mardi, de recevoir cette mise en demeure.
«Quand on se lance dans un projet comme celui-ci, des mises en demeure sont prévisibles», a-t-elle dit.
Cette dernière réagissait ainsi à une question du chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, au moment de la reprise de la séance du conseil municipal.
Selon ce dernier, Mme Plante a fait «les choses à l’envers» en dévoilant le 8 août la délimitation du Grand parc de l’Ouest «sans avoir négocié au préalable» avec les promoteurs immobiliers. Ceux-ci lorgnent une partie de ce secteur depuis 14 ans.
«Pour nous, ça démontre le manque de jugement de la mairesse sur ce dossier-là», a déclaré M. Perez.
Lundi, le chef d’Ensemble Montréal a d’ailleurs critiqué l’absence d’un «réel plan financier» pour le projet de Grand parc de l’Ouest.
Mme Plante, pour sa part, a assuré que ce projet ira de l’avant.
«Vous allez voir, comme on l’a démontré depuis le début de notre mandat que, nous, on fait preuve de rigueur. Et que ce projet de parc-là, il va se réaliser», a-t-elle martelé.