Un groupe d’experts recommande d’importantes mesures pour réduire la circulation automobile et financer le transport en commun. Entre autres, ils recommandent l’augmentation de la taxe sur l’essence et l’instauration de péages routiers sur le territoire du Grand Montréal.
«Ça amène [les automobilistes] à réfléchir au coût relié à l’utilisation de leur voiture. Quand on prend la route, on ne voit pas qu’il y a un coût associé à ça», soulève la professeure au département d’études urbaines et touristiques à l’Université du Québec à Montréal, Florence Junca-Adenot.
Cette dernière fait partie des six experts en mobilité qui ont co-signé un rapport de 73 pages qui sera envoyé au gouvernement du Québec dans le cadre du chantier sur le financement du transport actuellement en cours.
Ce rapport détaille plusieurs mesures écofiscales que Québec pourrait mettre en place. Celles-ci permettraient d’augmenter la participation des automobilistes au financement du transport en commun, dont la part s’élève actuellement à 5% dans le Grand Montréal.
De telles initiatives pourraient aussi réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, affirment les experts. Selon une étude de la Communauté métropolitaine de Montréal, les coûts socio-économiques de la congestion routière dans le Grand Montréal ont atteint 4,2 G$ l’an dernier.
«Il faut absolument réduire le nombre d’autos solos.» -Florence Junca-Adenot, professeure à l’Université du Québec à Montréal et experte en mobilité
Taxe sur l’essence
La premier constat des experts, c’est que la taxe sur l’essence imposée aux automobilistes est actuellement insuffisante. Celle-ci serait «trop faible, générale et indirecte pour permettre une réduction significative de la consommation de carburants et le financement suffisant de solutions de rechange viables à l’usage du transport motorisé».
Le groupe recommande donc une augmentation graduelle de la taxe sur l’essence qui tiendrait compte de la forte croissance de la facture du transport en commun dans la province.
Péages routiers
Les experts réclament par ailleurs la mise en place d’une tarification routière dans le Grand Montréal. Celle-ci est nécessaire, estiment-ils, afin de combler la baisse constante des revenus provenant de la taxe sur l’essence. Une situation qui est notamment attribuable à la popularité grandissante du covoiturage et des véhicules électriques au Québec.
«On n’a pas le choix, il faut trouver des alternatives [de financement du transport en commun] fortes et assez rapidement», martèle Mme Junca-Adenot. Cette dernière a également évoqué la possibilité de mettre en place un système de taxation kilométrique au Québec.
Dès 2021, la taxe sur l’immatriculation supplémentaire de 50$ actuellement appliquée à Montréal sera d’ailleurs élargie à l’ensemble des 82 municipalités de la région métropolitaine.
Prolongements d’autoroutes
Le rapport demande par ailleurs au gouvernement du Québec de «cesser d’exacerber le problème du transport en augmentant la capacité routière».
Lorsque rencontré par Métro en septembre 2018, pendant la campagne électorale provinciale, le premier ministre François Legault avait affirmé qu’il n’est «pas d’accord» avec les études qui indiquent que les prolongements d’autoroutes contribuent à augmenter la congestion routière.
«Ce sont des décisions politiques, mais nous, ce qu’on essaie de dire, c’est la réalité», affirme Mme Junca-Adenot.