Montréal

Itinérance: un forum pour un meilleur partage de l’espace public à Montréal

Le nombre d'aménagements hostiles aux itinérants est en augmentation depuis quelques années.

Du mobilier urbain anti-itinérants, des relations tendues avec les policiers et des préjugés tenaces… Voilà des enjeux qui rendent périlleux le partage de l’espace public avec les personnes en situation d’itinérance à Montréal. Des problèmes que des organismes sont bien déterminés à résoudre.

Dès ce matin, des représentants d’organismes, du réseau de la santé, d’associations de commerçants, de la Ville et du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) se réuniront dans la Grande bibliothèque dans le cadre d’un forum intitulé «Montréal, solidaire et inclusive». Au cours de la journée, des ateliers aborderont les divers enjeux liés au partage de l’espace public dans les rues et les parcs de la métropole. Un événement qui vise à trouver des mesures à mettre en place pour corriger le tir.

«Ce forum-là force la Ville à des résultats. Ça la force à faire preuve de leadership», estime le directeur de la Clinique Droits Devant, Bernard Saint-Jacques.

Les organisateurs de l’événement remettront un rapport à la Ville l’an prochain afin de la conseiller dans la préparation de son prochain plan d’action en itinérance.

«Il y a eu des améliorations [au cours des dernières années], mais il y a encore beaucoup de travail à faire», résume la directrice générale du Refuge des jeunes de Montréal, France Labelle.

Aménagements hostiles

Le nombre d’aménagements hostiles aux itinérants est en augmentation depuis quelques années, qu’on pense à des traverses ou des pics. Un peu partout à Montréal, de nombreux bancs publics sont maintenant dotés d’accoudoirs, empêchant des personnes de s’y allonger.

«Il y a eu une modification du mobilier urbain à des fins bien précises», déplore Mme Labelle.

La Ville convertit aussi des terrains vacants en espaces verdis sans tenir compte des besoins des sans-abri. Cela est notamment le cas du square Viger, dont le réaménagement, en 2016, a forcé le départ de nombreuses personnes en situation d’itinérance.

«Je suis sûr que ça n’a pas été pensé dans le projet de réaménagement», soulève M. Saint-Jacques, de Droits Devant.

Celui-ci espère maintenant que la Ville tiendra compte des besoins des sans-abri dans sa vision de cette future place verdie, dont la fin du réaménagement est prévue en 2021.

De nombreux bancs publics dans le Vieux-Montréal disposent d’accoudoirs.

Des contraventions abusives

Le SPVM a revu récemment le mandat de la Brigade des espaces publics, créée en 2015. Depuis quelques mois, ses agents ont une approche moins cœrcitive.

L’administration de Valérie Plante a par ailleurs adopté l’an dernier diverses mesures visant à réduire les cas de profilage racial et social des agents du SPVM et des inspecteurs de la Société de transport de Montréal.

Or, «il y a encore trop de contraventions qui sont données à des personnes uniquement parce qu’elles sont sans-abri», constate le directeur général du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, Pierre Gaudreau.

«Il y a une présence policière plus forte que jamais dans les endroits sensibles.»-Bernard Saint-Jacques, directeur de la Clinique Droits Devant

Le SPVM n’a pu répondre aux questions de Métro mardi.

Des préjugés tenaces

Mme Labelle estime que des efforts de sensibilisation sont nécessaires. «La méconnaissance nous amène à poser des jugements trop hâtifs», souligne-t-elle. 

Un atelier portera d’ailleurs sur les mesures à prendre afin de diminuer les préjugés des citoyens à l’égard des sans-abri. Mardi, l’administration de Valérie Plante n’a pas commenté.

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