La Ville de Montréal a rejeté mardi la demande de l’opposition officielle de reporter au 1er septembre la date limite pour le dernier versement du compte de taxes municipales, arguant des répercussions financières trop importantes.
À la mi-mars, la Ville a reporté du premier juin au 2 juillet cette date limite afin de donner un peu d’oxygène aux Montréalais et aux entreprises de la métropole. Mardi, en séance du conseil municipal, l’opposition officielle a toutefois demandé à la Ville de repousser cette date au premier septembre.
«Beaucoup de choses ont changé depuis le début de la pandémie. Montréal est malheureusement devenu l’épicentre du coronavirus au Canada», a indiqué mardi le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, pour justifier sa demande. L’élu a également souligné que les commerçants de la métropole écopent particulièrement de cette crise sanitaire, leur déconfinement survenant avec plusieurs semaines de retard sur le reste du Québec.
«Certes, un mois [de délai], ça aide, mais ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas suffisant pour les personnes qui ne sont pas encore retournées au travail ni pour les commerçants qui doivent payer des taxes dans leur loyer et qui ne sont pas encore en possibilité d’obtenir des revenus», a-t-il renchéri.
«Je suis persuadé que c’est le bon choix à faire pour aider nos citoyens et nos commerçants.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal
Refus
Cet avis de motion, appuyé par le maire de Saint-Laurent, Alan De Sousa, a toutefois été rejeté d’emblée par Projet Montréal.
«Nous sommes en opposition à l’amendement qui est proposé. Nous allons exprimer la dissidence de la majorité à cet amendement», a déclaré, avant même la tenue d’un vote, le leader de la majorité, François Limoges.
Cette réaction a soulevé l’ire du conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand.
«M. Limoges dit, sans entendre les arguments et sans tenir compte du coût très minime d’une telle mesure, que l’administration municipale ne veut rien savoir [de cette demande]», a-t-il déploré. Ce dernier a notamment cité l’exemple de Laval, qui a reporté au premier septembre le paiement du compte de taxes municipales de ses citoyens.
«C’est une demande qui est tout à fait légitime et qui n’est pas exagérée», a également fait valoir la conseillère municipale Chantal Rossi, qui estime que la Ville a «une responsabilité face aux entreprises» qui écopent de la crise sanitaire.
Demande coûteuse
Depuis le début de la crise, la Ville a notamment mis en place un système de prêts pour les petites entreprises par le biais d’une enveloppe de 40 M$. Pendant ce temps, sa situation financière écope de la crise, qui vient augmenter ses dépenses tout en réduisant ses revenus fonciers. Dans ce contexte, la Ville ne peut se permettre de reporter de nouveau le paiement des taxes municipales, a fait valoir le président du comité exécutif, Benoit Dorais. Un tel report, «c’est deux milliards de dollars qui vont arriver plus tard», a-t-il souligné.
«On aimerait bien ça [reporter de nouveau le paiement des taxes municipales], mais malheureusement, nous n’avons pas la capacité, nous n’avons pas les moyens de le faire.» -Benoit Dorais, président du comité exécutif
M. Dorais a d’ailleurs indiqué que la Ville devrait débourser 4 M$ par mois en intérêts si elle devait emprunter 2 G$ pour compenser ce report. Cela représenterait pour la Ville des pertes financières de 12 M$ sur trois mois.
«En demander encore plus alors que l’argent sort rapidement et que [les revenus] ne sont pas au rendez-vous, c’est extrêmement risqué. On aimerait ça, mais on ne peut pas se le permettre», a renchéri M. Dorais.
À cet égard, M. Perez a rétorqué que la Ville pourrait analyser des moyens de dénicher cette somme de 12 M$, notamment en se tournant vers Québec.
Les élus de Projet Montréal ont ensuite rejeté officiellement cet avis de motion par 36 voix, tandis que 26 élus, essentiellement d’Ensemble Montréal, ont voté en faveur de cette demande.