Les 300 bus hybrides promis par la mairesse Plante sont retardés par la pandémie de coronavirus. La Société de transport de Montréal (STM) ne fera pas l’acquisition de l’ensemble des véhicules en 2020, comme prévu, mais plutôt au cours de l’année prochaine.
En campagne électorale, en 2017, Projet Montréal avait promis d’ajouter 300 bus hybrides sur les routes de la métropole avant la fin de 2020. L’année suivante, la STM a octroyé un contrat à l’entreprise Nova Bus afin de faire l’acquisition de 830 bus hybrides d’ici 2024. Parmi ceux-ci se trouvent les 300 bus désormais retardés, qui visent à augmenter d’environ 15% la flotte de la STM. Les autres permettront de remplacer de vieux véhicules au cours des prochaines années.
Arrivée retardée
Or, en raison de la pandémie, qui a ralenti les activités de Nova Bus ce printemps, la STM n’accueillera cette année que 173 bus sur ceux promis, tandis que «la balance des 300 sera reçue en 2021», a confirmé à Métro une porte-parole de la STM, Isabelle Tremblay.
«Avec la crise, on étend un peu la réception des 300 bus, mais le but est toujours le même, soit de les avoir en main lorsque la situation redeviendra davantage à la normale et que les Montréalais reprendront le transport en commun de façon massive», a réagi à Métro le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Quant à l’arrivée d’ici 2024 des autres bus prévus au contrat conclu avec Nova Bus, la STM conserve le même échéancier. Il s’agit toutefois d’une «commande maximale théorique», précise à Métro un porte-parole de la STM, Philippe Déry. «Le tout constitue une marge de manœuvre additionnelle dont la STM pourra se munir, ou non, selon ses besoins opérationnels», précise-t-il. La société de transport pourrait donc décider, au final, d’acquérir moins que 830 bus hybrides au cours des quatre prochaines années.
«Nos équipes évaluent actuellement différents scénarios pour les années subséquentes», ajoute M. Déry.
Les 300 bus hybrides, toujours pertinents?
L’acquisition progressive de ces nouveaux bus survient alors que l’achalandage du réseau de bus et de métro de la STM continue d’être nettement inférieur à ce qu’il était avant la pandémie.
«Agrandir la flotte de bus de 15% alors que l’achalandage a chuté de 75% ne permettra pas soudainement de remplir les bus», ironise le conseiller indépendant de Snowdon et ancien vice-président de la STM, Marvin Rotrand. Selon lui, l’arrivée de ces 300 bus hybrides, même retardés, risque d’être vu comme du «gaspillage» par les Montréalais dans le contexte de la crise sanitaire. D’autant plus, selon lui, que la popularité grandissante du télétravail pourrait affecter durablement l’achalandage du transport en commun dans la métropole.
Des propos que rejettent toutefois la codirectrice de l’Observatoire de la mobilité durable, Paula Negron-Poblete.
«Il est clair qu’on ne peut pas être tassés comme des sardines, surtout dans le contexte de contagion actuel», illustre l’experte, qui rappelle que «la pandémie est temporaire».
«Le transport collectif, dans une métropole comme Montréal, c’est un investissement dans une mobilité durable qui va fonctionner à long terme», ajoute-t-elle. Un constat que partage le président de Trajectoire Québec, François Pepin.
«Le développement du transport collectif se planifie sur plusieurs années. […] On peut ralentir un peu, mais il ne faut pas remettre ça en question.» -François Pepin, président de Trajectoire Québec
200 nouveaux chauffeurs
La société de transport procèdera par ailleurs à l’embauche de 200 chauffeurs d’ici la fin de l’année, principalement pour compenser des départs à la retraite et des employés «qui changent de poste» au sein de l’entreprise.
«En raison de la durée du processus de recrutement puis de formation, nous devons toujours planifier pour le futur et non seulement en fonction des besoins actuels», souligne M. Déry.
Ce dernier assure d’ailleurs que la STM n’entend pas réduire son offre de service, même si l’Autorité régionale de transport métropolitain lui a demandé de sabrer 276 M$ dans ses dépenses sur trois ans. En juin, Québec et Ottawa ont débloqué 400 M$ pour soutenir les sociétés de transport du Québec face à la crise sanitaire. Depuis, de nouvelles mesures d’aide se font attendre.
«Pendant des décennies, le transport en commun n’a pas été prioritaire. Maintenant, il faut que ce soit le cas», lance Paula Negron-Poblete, qui presse les gouvernements d’agir.