Le parti Ensemble Montréal présentera une motion, la semaine prochaine, pour qualifier la métropole de «ville de musique gospel», dans le cadre du mois de l’Histoire des Noirs. Une proposition qui ne fait pas l’unanimité.
Le conseiller du district de Saint-Michel, Josué Corvil, est derrière cette initiative. À la prochaine séance du conseil municipal, qui aura lieu lundi prochain, il demandera aux élus de la métropole de reconnaître Montréal comme «une ville de musique gospel». Il espère ainsi rendre hommage, «plus largement», à la contribution de la communauté noire «à la vie culturelle, artistique, sociale et historique de Montréal», indique la motion.
«Il y a un an, on m’a interpellé pour me demander pourquoi Montréal, vous la qualifiez de ville de musique jazz, de musique rock, mais pas comme ville gospel […] Je me suis dit que ce serait une belle façon d’unir les communautés noires», explique M. Corvil, en entrevue à Métro.
De nombreuses chorales de la métropole optent sur ce «style musical engagé» pour transmettre des valeurs comme le partage, la solidarité et l’amour, souligne M. Corvil. La Union United Church, la plus vieille église noire de Montréal, représente d’ailleurs «un lieu emblématique du gospel», peut-on lire.
«La musique gospel est toujours bien répandue à Montréal, que ce soit dans la communauté noire francophone ou anglophone.» -Josué Corvil, conseiller d’Ensemble Montréal dans Saint-Michel
«Garder la foi»
Josué Corvil estime donc que le mois de l’Histoire des Noirs, actuellement en cours, devrait représenter «l’occasion de célébrer le gospel comme partie intégrante de la culture montréalaise». Une demande qui survient alors que la Ville a promis de s’attaquer au racisme et à la discrimination systémiques, souligne la motion.
Le président du conseil d’administration de la Table ronde du mois de l’Histoire des Noirs, Michael P. Farkas, salue d’ailleurs cette initiative, qu’il qualifie de «très bonne idée».
«Je suis tout à fait pour ça parce que [le gospel] représente une musique qui a aidé les gens à trouver la foi et à garder la foi dans des temps très difficiles», souligne-t-il en en entrevue à Métro.
«Ça fait partir de notre ADN de chanter en groupe et d’harmoniser notre voix», ajoute-t-il.
Des critiques
Cette motion soulève toutefois certaines critiques, la musique gospel étant généralement associée à la religion chrétienne.
«Je ne suis pas d’accord […] Montréal, c’est une ville laïque», soulève notamment la directrice de la Ligue des Noirs nouvelle génération, Anastasia Marcelin. Elle rappelle d’ailleurs que l’administration municipale a annoncé en 2019 le retrait du crucifix de l’hôtel de ville, afin d’éviter que cette institution démocratique soit associée à une religion.
«Il faut respecter qu’au Québec, on vit dans une ville laïque», martèle aussi Réginald Pierre, un ancien candidat de Projet Montréal dans Saint-Michel, qui a contacté Métro pour critiquer cette motion.
Des critiques que rejette M. Corvil.
«Voir ça dans ce sens-là, c’est d’avoir une vision très fermée et de ne pas reconnaître l’impact des communautés noires par le gospel», réplique l’élu d’Ensemble Montréal. Selon, lui, il faut avoir une vision «plus macro» du gospel.
«On ne peut pas définir la musique gospel comme étant seulement quelque chose de religieux. C’est un style de musique avant tout», estime-t-il.
Ce dernier espère que sa motion recevra un appui unanime des élus du conseil municipal, en début de semaine prochaine.