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Le crucifix sera retiré de la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville de Montréal

Le crucifix de l'hôtel de ville de Montréal Photo: Josie Desmarais
Zacharie Goudreault - Métro

Le crucifix ne sera plus présent dans la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville lorsque les travaux de rénovation du bâtiment seront complétés dans trois ans. Le symbole religieux sera toutefois intégré à un «espace muséal» qui sera aménagé dans l’édifice patrimonial.

Ce symbole religieux sera également retiré de la salle Peter-McGill, où a lieu chaque mercredi la séance du comité exécutif.

«On vit maintenant dans une société qui a grandement évolué et qui se doit d’être représentée par des institutions qui sont démocratiques, qui se doivent d’être ouvertes, neutres et représentatives des citoyens sous leur gouverne. C’est pourquoi le crucifix sera enlevé et qu’il ne sera pas réinstallé dans la salle du conseil à notre retour dans l’hôtel de ville», a déclaré mercredi pendant la séance du comité exécutif la responsable de la transparence à l’hôtel de ville, Laurence Lavigne Lalonde. 

Cette décision vient «clore un chapitre» alors que la possibilité de retirer ce symbole religieux et patrimonial du bâtiment municipal, installé dans la salle du conseil en 1937, a fait l’objet de plusieurs débats dans les dernières décennies.

«On devait enlever le crucifix après des travaux qui ont eu lieu en 1992, mais le crucifix est finalement resté», a souligné Mme Lavigne Lalonde. Une consultation publique qui devait se pencher en 2002 sur la possibilité de retirer le crucifix de l’hôtel de ville «n’a finalement pas eu lieu», a-t-elle par ailleurs rappelé. 

Mercredi, le premier ministre François Legault a affirmé pour la première fois être ouvert à ce que le crucifix soit retiré de l’Assemblée nationale, où il trône au-dessus de la chaise du président depuis 1936. La Coalition avenir Québec, qui présentera dans quelques semaines son projet de loi sur la laïcité, s’est toujours opposée à cette possibilité depuis sa création.

Valérie Plante a toutefois tenu à distancier la décision de son administration de la volonté du gouvernement Legault d’encadrer le port de signes religieux par les employés de la fonction publique québécoise.

«Pour moi, il y a une nette distinction entre la laïcité individuelle et celle d’une institution démocratique […] Ce que les gens décident de porter, si c’est un signe religieux visible ou non, c’est un tout autre débat.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

«Espace muséal»
L’administration municipale n’entend toutefois pas se départir complètement du crucifix. Celui-ci sera en effet intégré à un «espace muséal dédié» qui sera aménagé au cours des prochaines années dans l’hôtel de ville afin d’être accessible tant aux élus qu’à l’ensemble des visiteurs lorsque le bâtiment du Vieux-Montréal rouvrira ses portes en 2022 après s’être «refait une beauté», a indiqué Mme Plante.

«On est conscients que c’est un symbole qui est très important dans l’histoire de Montréal, donc notre objectif n’est pas de faire du déni de notre histoire, mais plutôt de trouver une façon de mettre en valeur cet élément-là. Donc, c’est pour ça que le bureau de la présidence avec le service de la culture [de la Ville de Montréal] vont travailler au cours des prochaines années pour mettre en valeur les collections de la Ville de Montréal», a détaillé Mme Lavigne Lalonde. Ainsi, tant les archives que les cadeaux protocolaires et d’«autres éléments importants de l’histoire de Montréal» se retrouveront, au côté du crucifix, dans ce petit musée accessible à tous, a précisé l’élue. 

Consultation publique réclamée
L’opposition officielle à l’hôtel de ville a déploré mercredi après-midi le «grand manque de jugement de la mairesse» alors que l’administration municipale a pris la décision de retirer ce symbole religieux sans consulter les citoyens.

«Est-ce qu’on peut se donner un peu de temps pour sonder la population? On s’apprête à réaliser une consultation sur les publisacs. Est-ce qu’on peut en réaliser une sur le crucifix, un symbole important du peuple fondateur de Montréal?», a lancé le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, ajoutant qu’on a «trois ans devant nous pour réaliser une consultation publique». 

«Sur un enjeu aussi sensible, il faut faire preuve d’un peu de retenu et agir de façon responsable. Et ce que la mairesse montre ce matin, c’est qu’elle agit de manière irresponsable.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal

Le directeur des politiques de l’organisme Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, a pour sa part indiqué qu’il compte rencontrer la Ville afin de voir «comment cet espace muséal va s’insérer dans l’architecture de l’hôtel de ville».

Déménagement
Dès le 5 avril, le déménagement progressif des différentes fonctions de l’hôtel de ville vers le bâtiment Lucien-Saulnier sera entamé afin que des travaux de réfection majeurs puissent commencer dès juin dans ce bâtiment patrimonial, où travaillent 65 élus et quelque 150 fonctionnaires. Un dernier conseil municipal aura lieu le 15 avril dans l’hôtel de ville, puis les suivants se tiendront pendant trois ans dans cet ancien palais de justice.

«On ne fait pas ça parce que c’est un caprice. Il y a des travaux très importants de mise aux normes qui sont nécessaires dans un édifice patrimonial qui est très beau, mais qui est absolument vétuste et qui à certains égards n’est pas sécuritaire», a noté le président du comité exécutif, Benoit Dorais. 

Les travaux de réfection de l’hôtel de ville, qui comprennent entre autres le réaménagement de la fondation et du système électrique ainsi que l’amélioration de l’imperméabilisation du bâtiment, sont évalués à quelque 140 M$.

Une fois la réfection de l’hôtel de ville terminée, ce sera au tour de l’édifice Lucien-Saunier, inauguré en 1856, d’être l’objet de travaux majeurs.

Chronologie du crucifix de l’hôtel de ville
1937: Le crucifix est installé au-dessus de la chaise du président dans la salle du conseil municipal à la demande du conseiller municipal Joseph-Émile Dubreuil.

1987: La prière qui servait à ouvrir chaque séance du conseil municipal est abolie par l’administration du maire Jean Doré pour être remplacée par une période de silence.

1992: La Ville envisage de retirer le crucifix alors que des travaux doivent être réalisés dans la salle du conseil, mais décide finalement de le garder en place.

2002: La Ville prévoit tenir une consultation publique sur la place du crucifix à l’hôtel de ville, puis le projet est abandonné.

2022: Le symbole religieux sera absent de la salle du conseil municipal lorsque l’hôtel de ville ouvrira de nouveau ses portes après trois années de travaux de réfection.

 

 

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