Montréal devra retarder de nombreux projets à cause de la pandémie de COVID-19. De l’itinérance à la construction de logement sociaux, en passant par l’élargissement de la collecte des matières résiduelles et la réfection de l’hôtel de ville, les impacts de la pandémie sont multiples. Métro a dressé un état des lieux.
Portrait flou de l’itinérance
L’été dernier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a affirmé que le nombre de personnes en situation d’itinérance aurait doublé à Montréal. On ne pourra toutefois pas en avoir le cœur net de si tôt, car la Ville a décidé de reporter le dénombrement des sans-abris qui devait se tenir cette année dans les rues de la métropole. Par courriel, une porte-parole de la Ville indique que cet exercice a été «retardé à une date ultérieure» en raison de la complexité de le tenir en pleine pandémie.
«Il y a un essoufflement certain cette année chez les organismes en itinérance. On frise l’épuisement professionnel. Donc, pour ces raisons-là, ça devenait vraiment difficile [de tenir un dénombrement cette année]», explique le président du comité exécutif, Benoit Dorais, en entrevue à Métro.
Le dernier dénombrement, en 2018, avait fait état de 3149 itinérants dans la métropole, en hausse par rapport à l’exercice précédent, trois ans plus tôt.
La pandémie a par ailleurs eu pour effet de retarder de six mois la publication du bilan du Plan d’action montréalais en itinérance 2018-2020, qui aura finalement lieu en juin. C’est alors qu’on pourra savoir si la Ville a atteint l’ensemble des cibles qui s’y trouvent. L’administration municipale devra ensuite établir un nouveau plan d’action pour les années à venir.
Des défis financiers pour la Ville
L’itinérance a d’ailleurs soulevé plusieurs défis financiers pour la Ville au début de la pandémie. Pendant la première vague, elle a rapidement dû mettre en place de nombreux refuges temporaires pour répondre à une demande croissante et palier la réduction de la capacité d’accueil dans les ressources traditionnelles.
«Ça a fait en sorte de bousculer tout le fonctionnement de la Ville», se remémore M. Dorais. «Le plus gros postes de dépenses reliées à la gestion de la COVID pendant la première vague, ce sont les dépenses en itinérance», rappelle-t-il.
La Ville a depuis obtenu une compensation financière de Québec à cet égard. Elle espère d’ailleurs qu’il en sera de même en 2021, alors que le gouvernement Legault peaufine son budget, qu’il déposera le 25 mars.
Logements sociaux
L’administration Plante espère d’ailleurs que, malgré les impacts de la pandémie sur les finances de Québec, elle aura tout de même droit à des sommes supplémentaires afin qu’elle puisse mettre les bouchées doubles dans la construction de logements sociaux. Autrement, elle pourra difficilement atteindre sa cible de construire 6000 unités d’ici la fin de l’année, une promesse électorale.
«On ne doit pas arrêter la construction de logements sociaux et communautaires […] Le gouvernement du Québec doit prendre ses responsabilités et financer des unités. On ne va pas sortir les gens de la rue si on n’a pas ça.» -Benoit Dorais, président du comité exécutif
Collecte des matières résiduelles
La COVID-19 a par ailleurs retardé la tenue de projets pilotes concernant le déploiement de la collecte des matières organiques dans les immeubles de neuf logements et plus qui devaient se tenir l’an passé dans Montréal-Nord, Saint-Laurent, le Sud-Ouest et Ville-Marie. Ils auront finalement lieu cette année, indique la Ville.
Le ralentissement des activités dans les usines pendant une partie de la première vague a aussi causé des délais de livraison de quatre à six mois pour certains équipements du Service du matériel roulant et des ateliers. Il s’agit notamment de camions-bennes, de véhicules hybrides et de surfaceuses.
«Ce qu’on veut faire, c’est de combattre la désuétude des véhicules. Donc, c’est certain que quand les nouveaux véhicules n’arrivent pas, ça a un impact sur le budget de fonctionnement [en augmentant les dépenses en entretien]», soulève M. Dorais.
Un chantier coûteux
La réouverture de l’hôtel de ville est aussi retardé à l’été 2023, soit environ un an plus tard que prévu pour ce projet de réfection majeur, en partie en raison des impacts de la COVID-19 sur le calendrier des chantiers. Alors que le coût des matériaux de construction est à la hausse, M. Dorais reconnaît qu’il est peu probable que la facture finale du projet se retrouve en-dessous de la «fourchette» maximale prévue, soit près de 140 M$.
«On va être à l’intérieur de la fourchette mentionnée, à moins qu’il se passe encore quelque chose», laisse-t-il tomber.
La Ville a par ailleurs mis sur pause près du tiers des chantiers prévus cette année. Le nombre de travaux sur les routes de Montréal n’explosera pas pour autant au terme de la pandémie, assure le bras droit de Valérie Plante. L’administration municipale, rappelle-t-il, a établi une planification sur 10 ans de ses investissements dans les infrastructures.
«On n’aura pas une sorte de [rattrapage] qui ferait en sorte qu’on serait dans des chantiers comme ça n’a pas de sens. On va avoir un décalage sur plusieurs années», entrevoit Benoit Dorais.