La pression monte sur le gouvernement Legault pour réclamer une aide financière au paiement du loyer des commerçants qui ont dû fermer temporairement en raison de la crise du coronavirus.
Depuis minuit, tous les commerces et entreprises non essentiels au Québec sont fermés jusqu’au 13 avril. Or, certains entrepreneurs concernés, qui louent des espaces commerciaux, devront malgré tout payer un loyer le 1er avril.
Face à cette situation, la pression monte de la part d’associations de commerçants pour tenter de trouver un moyen de reporter le paiement du loyer du mois d’avril pour les entrepreneurs affectés par les directives du gouvernement Legault.
«Je pense qu’on devrait demander de la souplesse de la part des locateurs, surtout que si les entreprises doivent fermer complètement, ils ne recevront tout simplement pas d’argent», soulève par ailleurs le professeur d’économie appliquée à HEC Montréal, Germain Belzile.
Aide financière réclamée
Pour de petits propriétaires de locaux commerciaux, un report du paiement du loyer n’est toutefois pas envisageable, souligne la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
«On demande de la sensibilité de la part des propriétaires d’immeubles, mais eux aussi ont une réalité économique qu’il faut prendre en considération», indique le vice-président de la FCEI, François Vincent.
Ce dernier presse donc le gouvernement Legault d’accorder une aide financière aux entreprises qui ont dû fermer en raison de ses directives. Il s’agit de milliers de commerces de détail, de restaurants et de bars, entre autres.
«Le gouvernement pourrait donner une aide financière aux commerces qui doivent fermer [en raison des directives de la santé publique], mais qui doivent quand même payer un loyer», explique-t-il.
Les commerces recevraient ainsi un montant ajusté en fonction du nombre de jours qu’ils ont dû fermer en raison des mesures de sécurité prises jusqu’à maintenant par Québec pour limiter la propagation du coronavirus.
Appelé à réagir, le cabinet du premier ministre François Legault a rappelé avoir annoncé la semaine dernière un plan d’aide financière de 2,5 G$ pour aider les entreprises fragilisées par la crise du coronavirus.
«Nous sommes à l’écoute des PME et nous ajusterons nos interventions si nécessaire au cours de la crise», a indiqué son attaché de presse, Ewan Sauves.
«C’est sûr que si ça dure des mois, les entreprises devront faire des mises à pied.» -Germain Belzile, professeur en économie appliquée à HEC Montréal
La confiance des entreprises chute
La FCEI a par ailleurs publié mercredi matin une mise à jour de son «baromètre des affaires» pour le mois de mars. Ce dernier, qui se base sur les résultats d’un sondage effectué auprès de près de 1400 propriétaires, fait état d’une chute de la confiance des entreprises du pays à un seuil historique.
«Depuis qu’on a le baromètre, c’est le résultat le plus bas enregistré. Ça n’est jamais tombé aussi bas, même pendant les récessions de 2008 et de 1990, qui ont eu des impacts assez importants», souligne M. Vincent.
C’est d’ailleurs au Québec où la confiance des entreprises a chuté le plus drastiquement dans les dernières semaines, selon ce sondage. Une situation que la FCEI associe au fait que la province a agi plus rapidement que le reste du pays dans la mise en place de mesures de sécurité pour prévenir la propagation du coronavirus.
Selon un sondage de la FCEI émis mardi, près d’un tiers des petites et moyennes entreprises du pays pourraient fermer en raison de la crise du coronavirus.
«La moitié des PME ont commencé à mettre à pied des employés», renchérit M. Vincent.
Mercredi, le gouvernement Trudeau a confirmé qu’Ottawa oeuvre actuellement sur une subvention salariale adressée aux travailleurs de PME, comme le réclamait la FCEI. En matinée, la Chambre des communes a adopté un plan d’urgence de 82 G$ pour aider les entreprises et les citoyens affectés par la crise sanitaire du coronavirus.