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Joue-t-on au yoyo avec le confinement et le déconfinement?

Le premier ministre François Legault

Le premier ministre François Legault

François Legault «ne veut pas commencer à jouer au yoyo» avec le confinement et le déconfinement, soutenait-il encore mardi, en annonçant des allègements aux mesures sanitaires. Mais depuis le mois de mars 2020, le gouvernement provincial a procédé à au moins 27 fermetures et réouvertures des différents secteurs de l’économie.

Une pratique qui mine la santé mentale des Québécois, mais aussi leur respect des règles sanitaires, arguent des experts.

Métro a effectué une révision exhaustive de toutes les annonces concernant la COVID-19 depuis que l’urgence sanitaire a été décrétée. Nous avons recensé 27 points de presse annonçant des changements majeurs dans le quotidien des Québécois: fermetures de commerces, d’écoles, impositions de mesures de confinement, permissions de se rassembler…

Le 12 mars prochain, Québec soulignera un an de mesures sanitaires. En moyenne, donc, le gouvernement de François Legault a fermé – ou rouvert – le robinet à chaque période de 13 jours.

Depuis la fermeture des bars et des restaurants en octobre, pour une période qui devait d’abord durer 28 jours, le trio Legault-Dubé-Arruda a apporté 13 modifications majeures aux règles de santé publique, dont la fermeture et la réouverture des commerces non essentiels, par exemple.

«Vivre à la petite semaine»

La professeure Roxane Borgès Da Silva convient que le gouvernement du Québec est forcé de naviguer à vue. Selon elle, toutefois, la stratégie de communication a des failles.

«Il y a des gens qui sont anxieux et qui ont besoin de voir à plus long terme. C’est difficile de vivre comme ça à la petite semaine», avance cette professeure agrégée de l’École de Santé publique de l’Université de Montréal.

Mardi, Québec annonçait la reprise des activités dans les cinémas et les arénas notamment. La décision est venue deux semaines après celle de rouvrir les commerces non essentiels.

Et François Legault a déjà la prochaine annonce dans sa mire. Les mesures sanitaires seront réévaluées le 8 mars, a-t-il souligné, mardi. «C’est possible qu’on ouvre davantage.»

Professeure associée en psychologie à l’UQAM, Geneviève Beaulieu-Pelletier, craint que ce yoyo avec le confinement ait de nouveaux impacts sur le moral des Québécois.

«Ça devient impossible de planifier. Psychologiquement parlant, cette incertitude est vraiment lourde à porter à long terme», indique-t-elle.

La décision du gouvernement de permettre, puis d’interdire, les rassemblements de Noël illustre le va-et-vient qui peut peser sur le public, ajoute l’experte. «Mieux vaut ne pas laisser miroiter [des choses], ajoute Mme Beaulieu-Pelletier. Parce que l’effet devient pire.»

Le 19 novembre, Québec avait d’abord permis deux rassemblements durant les Fêtes. Quatorze jours plus tard, il reculait. François Legault avait alors admis qu’il n’aurait pas dû ouvrir cette porte.

Le défi grandissant de l’adhésion

Professeure en psychologie à l’Université de Montréal, Roxane de la Sablonnière chapeaute pour sa part un projet de recherche sur l’adhésion des Canadiens aux consignes sanitaires. Au courant de ses recherches, son équipe a conclu que «la clarté et la cohérence des mesures sont le fondement» d’une meilleure adhésion.

La multiplication des annonces a donc le désavantage de réduire la propension à respecter les règles, indique-t-elle en entrevue avec Métro.

«Le gouvernement a un rôle à jouer pour que les mesures soient cohérentes entre elles», analyse-t-elle.

Mme Da Silva, pour sa part, propose au gouvernement «d’arracher le band-aid» plutôt que de continuer à «jouer au yoyo» avec le confinement.

«Il faut que le gouvernement accepte qu’on est sur une stratégie à long terme, lance-t-elle. Je pense qu’il gagnerait à dire, par exemple, que le couvre-feu s’étirera jusqu’en avril, quitte à revenir sur ses paroles.»

Avec la collaboration de François Lemieux

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