Les Cégeps pourraient manquer de ressources lors de la rentrée à l’automne, avec le retour des cours en présentiel et une hausse pressentie des admissions, craignent divers intervenants du milieu scolaire.
Cette hausse d’inscriptions s’explique par le nombre anormal d’étudiants qui ont opté pour la «mention incomplet» au cours de la pandémie. Normalement, cette mention n’est qu’accordée qu’aux cégépiens affectés par des difficultés particulières, comme un accident ou un problème de santé, par exemple. Exceptionnellement, les étudiants pouvaient toutefois l’adopter à la demande, à partir de 2020.
Résultat? Le nombre de mentions obtenues a grimpé en flèche. À l’automne 2020, elle a été adoptée 87 894 fois, soit 4,75 plus que lors de l’année précédente. Lors de la session précédente, un cours a été déclaré incomplet à 126 790 reprises, soit 8,25 fois plus que l’année précédente.
Préférant attendre que les cours soient offerts en présentiel, plusieurs étudiants ont reporté leurs inscriptions au cégep, ce qui laisse présager que le nombre d’inscriptions à la session d’automne sera plus important qu’à l’habitude dans certains établissements.
«Il y aura vraisemblablement une hausse de la fréquentation, confirme la présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants du cégep, Lucie Pagé. Les étudiants devront reprendre leurs cours, ce qui risque de poser des problèmes, notamment en raison du manque de profs et de locaux.»
La hausse de la population étudiante pourrait exacerber les difficultés qu’ont certains établissements à recruter des enseignants. C’est ce que craint le syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic.
«Nous avons déjà un fort problème d’attractivité à la formation continue, où les enseignants gagnent 50% de moins que leurs collègues au régulier», explique la vice-présidente aux affaires pédagogiques du syndicat, Elsa Myotte.
Mme Myotte consent que la pandémie aura eu des effets importants sur certains étudiants. «Nous serons responsables de les aider à combler les lacunes dans leur bagage scolaire et à cheminer vers la réussite», partage-t-elle,
Sous contrôle
Il est encore trop tôt pour connaître l’étendue exacte de la hausse d’inscriptions, partage le ministère de l’Éducation supérieure. Un groupe de travail spécial, composé du ministère, de collèges privés et publics, a été mis sur pieds pour préparer des mesures spéciales. Une offre accrue des cours d’été a notamment été mise en place.
«Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, il y aura une hausse, mais les gestionnaires des cégeps seront prêts, réagit le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay. Ils sont habitués à faire face à des niveaux d’inscriptions qui varient.»
À Montréal, le manque d’espace dédié à l’enseignement est particulièrement un enjeu. Selon M. Tremblay, les plages horaires des cours seront étirées, afin de permettre la disponibilité des locaux. Des salles pourraient même être louées à l’extérieur de l’enceinte des cégeps, pour s’assurer que tous les cours puissent être offerts en présentiel.
Pour que les cours soient offerts sans port du masque et distanciation physique, 75% de la population âgée entre 16 et 29 ans devra être vaccinée, avait annoncé la ministre Danielle McCann. Mardi, 65% des gens de cette tranche d’âge avaient reçu une première dose.
Se préparer à la hausse
Depuis quelques années, plus d’élèves sont admis au cégep, notamment grâce à une hausse du nombre d’étudiants qui réussissent leurs études secondaires. Pour faire face à cette hausse, près de 22 000 places supplémentaires seront créées dans les cégeps francophones de Montréal au cours des 10 prochaines années.
«Nos établissements francophones ont grandement besoin de plus d’espace, pour pouvoir offrir des formations diversifiées et répondre adéquatement aux besoins des étudiantes et étudiants du Québec», a commenté Mme McCann.
«Particulièrement à Montréal, nous savons qu’il faut agir et cette annonce n’est que la première étape d’un processus qui augmentera grandement l’accessibilité et l’attractivité de nos établissements», poursuit-elle.
Chaque établissement de l’île sera rencontré par le ministère, qui les accompagnera dans le déploiement de ces nouvelles places.