Le milieu des arts vivants ne digère pas que Québec ait autorisé la réouverture des cinémas, mais pas celle des théâtres et des salles de spectacle.
Pour une troisième fois depuis le début du mois, des artisans ont manifesté pour dénoncer ce qu’ils considèrent être du «mépris» de la part gouvernement envers les arts vivants.
Une trentaine de personnes se sont rassemblées jeudi après-midi devant la station de métro Papineau pour dénoncer cette «injustice».
En conférence de presse mardi, le premier ministre François Legault a donné le feu vert pour la réouverture de tous les cinémas la semaine prochaine, juste à temps pour la semaine de relâche.
Questionné à savoir pourquoi rien de tel n’a été annoncé pour les salles présentant des spectacles d’arts vivants en zone rouge (théâtre, danse, humour, cirque et musique), il a sous-entendu que les enfants préféraient voir des films. «Je pense qu’on peut occuper plus d’enfants avec des salles de cinéma», a-t-il déclaré.
Selon l’organisateur de la manifestation Hugo Fréjabise, l’annonce de mardi démontre qu’il y a une «hiérarchie» dans l’approche gouvernementale face aux arts. «L’important, c’est ce qui rapporte. Ça montre les priorités du gouvernement», déplore l’auteur et metteur en scène.
«Il faudrait penser plus largement et ne pas sous-entendre que les gens aiment mieux le cinéma que le théâtre», ajoute celui qui voit du mépris dans la décision de Québec.
Sachant que les risques sanitaires sont les mêmes dans une salle de cinéma que dans une salle de théâtre ou de concert, le milieu des arts vivants estime qu’il est injuste de favoriser une forme d’art au détriment des autres.
Se réajuster
En point de presse jeudi matin, M. Legault a justifié sa décision en soutenant que les propriétaires de théâtres préfèrent rester fermés tant que le couvre-feu établi à 20h sera en place.
«En discutant avec des directeurs de théâtres montréalais, on s’est rendu compte qu’il y a là un piège sémantique, estime pour sa part M. Fréjabise. La plupart d’entre eux sont prêts à rouvrir dès demain, à imaginer d’autres formes de représentations et à accueillir le public à d’autres heures.»
Des propriétaires de théâtres ont d’ailleurs qualifié d’incohérente la décision du gouvernement de ne pas rouvrir tous les lieux de diffusion culturels.
«Je suis certain qu’on peut trouver une manière nouvelle de présenter des spectacles.» -Hugo Fréjabise, auteur et metteur en scène
Selon M. Fréjabise, qui codirige la compagnie Rassemblement Diomède, les arts vivants sont un service essentiel, au même titre que la télévision, dont les activités n’ont pas été interrompues depuis le début de la pandémie. «Le théâtre n’est pas un luxe, on participe à la construction politique de la ville.»