Vous les avez aperçus, ces 3Géants dispersés dans la ville pour la période du 13e festival Montréal complètement cirque?
Ces imposantes – c’est le moins qu’on puisse dire! – structures abritent, jusqu’à la fin de la semaine, les spectacles éphémères de trois compagnies de cirque parmi les plus importantes de chez nous : les 7 Doigts, le Cirque Éloize et Machine de cirque. La Ville de Montréal compte notamment sur cette attraction pour relancer le tourisme et l’achalandage au centre-ville après les deux années difficiles de la pandémie.
À eux seuls, les colosses d’acier ont de quoi impressionner (ils pèsent 31 000 livres chacun – 48 000 en comptant la scène qu’ils surplombent –, mesurent 52 pieds de hauteur et 30 pieds de largeur, et environ 100 000 livres de métal ont été utilisées pour leur fabrication, et ce, dans le respect des pratiques écoresponsables). Ils ont été construits par Scène Éthique, entreprise derrière des canons comme Le cycle du Ring, de Robert Lepage, présenté au Metropolitan Opera, la tournée Taking Chances de Céline Dion ou les franchises Kooza, Luzia et Kurios, du Cirque du Soleil. Mais les créations qui se déploient sous leurs pattes et à travers leurs différents membres sont aussi magnifiques!
Métro y a jeté un œil, et nous vous livrons ici nos impressions. Courez assister à ces prestations (gratuites) pour un moment de pur émerveillement! Deux représentations (de 30 minutes) ont lieu chaque soir, à 18 h et 21 h 30, jusqu’au 17 juillet.
Les 7 Doigts
Sur l’Esplanade de la Place Ville Marie, non loin de L’Anneau d’acier récemment inauguré, ce sont les réputés 7 Doigts qui s’excitent au pied de la structure, dans une mise en scène où des ouvriers s’affairent sans relâche, vêtus de chiennes de travail bleu foncé et de pantalons en apparence de jeans. La roue Cyr prend ici des allures industrielles, avant de devenir une table, puis de reprendre son mandat initial. Entre quelques prouesses d’équilibre – en duo ou en groupe – et de sangles (où une brave acrobate se fait virer sens dessus dessous!), on assemble petit à petit de petites pyramides de verre qui, jointes, finiront par former un cœur, lequel sera hissé haut et installé au milieu de la poitrine du géant hôte du spectacle, qui s’illuminera une fois son cœur en place. Une bien jolie allégorie, célébrant la pulsion créative, aussi agrémentée de multiples contorsions, de jeux de poteau et même d’une course de patins à roulettes.
Le Cirque Éloize
Quelques kilomètres plus loin, aux Jardins Gamelin, près de la station de métro Berri-UQAM, le Cirque Éloize nous transporte dans un univers beaucoup plus suave et introspectif, qui n’est pas sans rappeler Céleste, la dernière production en salle de la compagnie présentée à Montréal. C’est d’ailleurs le point de départ de cet opus estival : nous sommes tous des poussières d’étoiles. Ici, on plonge dans un écrin lounge et jazzé, où la danse acrobatique occupe une large place, pieds battants dans une mare d’eau au sol, au son de la voix de la chanteuse Rosa Laricchiuta (La Voix 2015). Mat pendulaire, boléadoras, bungee acrobatique, trampoline et jonglerie sont mis à profit autour du piano dans cette création à l’esprit plutôt mature, qui exploite bien les facettes du géant qui l’accueille.
Machine de cirque
Enfin, la douzaine de surdoué.e.s de la troupe Machine de cirque investit le Parc Vinet, près du marché Atwater, pour un tour de piste à saveur urbaine. Un DJ caracole au sommet du géant et les artistes se multiplient, en bas, en quelques minutes, pour offrir une prestation inspirée du street art dans leurs vêtements de couleur. Peu importe l’œuvre, les équilibristes de Machine de cirque ont toujours l’air de gamin.e.s, et ce rendez-vous à Montréal complètement cirque ne fait pas exception. On sautille dans des numéros de main à main, de pyramides humaines, d’unicycle, de planche coréenne et autres pirouettes, en enjoignant le public de taper des mains. Le résultat s’avère joyeux, léger, mais Machine de cirque n’a pas omis d’apporter une dimension plus profonde à son enchaînement. Celui-ci prend racine, dit-on, dans les mouvements sociaux qui ont secoué le monde ces dernières années, rend hommage à l’union qui fait la force, et est porté par un poème original de Joséphine Bacon, composé spécialement pour l’occasion.
Aussi à voir à Montréal complètement cirque cette année…
– La Tournée des quartiers s’arrête dans à peu près tous les arrondissements de la métropole pour décliner des ateliers participatifs, des spectacles et des numéros déambulatoires. L’horaire et le lieu varient selon chaque quartier.
– La Rue complètement cirque, sur Saint-Denis, entre Sherbrooke et Sainte-Catherine, propose, de 17 h à 23 h, des animations spontanées (une trentaine par jour) où le mobilier urbain devient accessoire de cirque. Entre l’espace clownesque où sont à l’honneur jonglerie et acrodanse, et les prestations poétiques exécutées juste devant le Théâtre Saint-Denis, il y en a pour tous les âges et tous les goûts. Les tout-petits trouveront même leur compte à la Zone jeunesse de Radio-Canada, où ils pourront faire un tour de faux vaisseau spatial et s’initier à des disciplines comme le trapèze.
– Sous le Grand Chapiteau de la TOHU, le «chaos festif» BARKAjumelle les percussions afro-colombiennes, les mélodies Balkans, la danse et le cirque dans un périple en bateau qui comble tous les sens.
– Nouvelle offrande du créateur Benoit Landry (Seul ensemble, du Cirque Éloize) et la troupe Nord Nord Est, Après la nuit prend la forme d’un rêve éveillé, d’un voyage vers la liberté, dans une TOHU transformée, mais qui conserve son aspect circulaire. Une douzaine d’acrobates et danseurs donnent corps aux tableaux où la musique est reine.
– Productifs, les 7 Doigts, cette année? En plus d’être les porte-étendards d’un des Géants, ils sont également en vedette au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis pour le spectacle Mon île, mon cœur. En fusionnant acrobaties, cirque, danse et multimédia, les artistes racontent l’épopée à travers la cité d’un nouvel arrivant, qui tombera peu à peu amoureux de Montréal.