Le tout nouveau studio-cabaret de L’Espace St-Denis, anciennement connu comme le théâtre du même nom, a été inauguré mercredi soir avec la première du spectacle Mon île, mon cœur par les 7 Doigts.
Si la troupe mélange souvent cirque et danse, cette fois, le théâtre aussi s’invite, entre autres par le biais de monologues livrés par Didier Lucien. Entrecoupée de chansons qui vont des Colocs à Leonard Cohen, la création a de quoi réconcilier quiconque avec l’hiver montréalais, qu’on redécouvre par les yeux d’immigrant.e.s amoureux.euses de la métropole.
Parce que Mon île, mon cœur est une histoire d’amour. Pas celle de Pablo, fraîchement arrivé en ville pour rejoindre sa dulcinée et vivre avec elle une relation éphémère. Non, c’est plutôt l’idylle entre des gens de partout dans le monde qui étaient venus pour quelques semaines et qui, passionnés par cet endroit où l’on peut être soi-même plus qu’ailleurs, restent depuis des années.
Le cirque avant tout
C’est par les textes et les chants que se dessine cet arc narratif, mais ce sont bien sûr les arts circassiens qui restent au centre du spectacle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on pardonne plus facilement qu’au théâtre l’utilisation de micros; les artistes sur scène n’étant pas spécialement formé.e.s pour projeter leur voix dans la salle.
Parmi les numéros les plus réussis de Mon île, mon cœur, mentionnons celui de jonglerie, qui nous situe dans une boulangerie typiquement montréalaise, où se côtoient bagels et croissants qui deviennent les balles qu’on fait virevolter. Le mât chinois est également très bien amené, devenant un poteau de métro (avec la bonne vieille ritournelle Il fait beau dans l’métro) sur lequel les artistes font des plongeons impressionnants.
C’est cependant le numéro du fil qui est le plus émouvant. Celui-ci évoque le parcours d’une jeune personne queer qui avance prudemment, puis avec plus d’assurance. Symbole, une fois de plus, qu’on peut se permettre d’être soi-même à Montréal, une ville à laquelle on s’attache pour son unicité malgré la violence de ses hivers.
Technologie au service de l’art
Le Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis est tout neuf, au point où il reste la peinture à faire à l’étage, quelques lumières à poser dans le hall et une salle de bain à finir. Mais la salle elle-même est toute prête à accueillir un public, qui pourra profiter d’une technologie dernier cri.
On se laisse entre autres emporter par les projections 360 qui nous proposent ici des images de Montréal, nous faisant vivre en accéléré les quatre saisons bien distinctes qu’on connaît par chez nous. C’est à Yves Aucoin, qui travaille notamment sur les spectacles de Céline Dion ou encore du Cirque du Soleil, qu’on a confié la signature visuelle.
La mise en scène, signée par Shana Carroll – qui a également imaginé Mon île, mon cœur –, se construit autour d’un de ces escaliers extérieurs qui font la marque de l’architecture de la métropole, escalier qu’on déplace et qu’on grimpe au fil des segments.
En pleines élections provinciales où l’immigration et la question linguistique sont particulièrement débattues, ce spectacle arrive comme une brise de réconciliation. Il sera d’ailleurs également présenté en version anglaise sous le titre My Island, My Heart en alternance avec la version francophone.
Le spectacle Mon île, mon cœur, en collaboration avec France Film et Montréal complètement cirque, est présenté au Studio-cabaret de l’Espace St-Denis jusqu’au 16 octobre.