À compter d’aujourd’hui, une cohorte d’artistes en émergence tente de gagner le cœur du public et du jury dans le cadre du concours-vitrine Les Francouvertes. Le rappeur et animateur de Minotan! à ICI Musique, Samian, ainsi que la rappeuse Calamine, elle-même finaliste en 2021, sont les porte-parole de cette 27e édition, qui se déroule jusqu’au 15 mai au Lion d’or et au Club Soda.
Métro a profité de ce rendez-vous printanier incontournable des mélomanes pour discuter avec le tandem engagé.
Leurs conseils aux artistes désirant se lancer professionnellement
« Ce que j’aime des Francouvertes, c’est que ça se passe live. Souvent, on étiquette des artistes, et on les découvre sur disque avant de les découvrir sur scène, mais je trouve le processus inverse plus intéressant. Alors, amusez-vous et profitez de cette tribune. Faites-le à 100 % pour vous, en vous foutant un peu des critiques et de l’image que les gens se feront de vous. C’est un drôle de milieu, ce n’est pas fait pour tout le monde. Je vois la rage de ceux qui arrivent, qui veulent jouer, mais ça demande plus que ça. Alors, profitez de ce moment sur scène! » — Samian
« Faites la musique que vous voudriez entendre. Faites exister la culture que vous trouvez qu’il manque. C’était un peu niché de faire du rap féministe queer quand je suis arrivée aux Francouvertes. Je m’étais dit qu’on ne se classerait pas parce qu’on n’était pas dans la game. Mais je l’ai fait avec cœur, en me disant que je ne devais pas être la seule à trouver qu’il manquait de musique queer. Ça paraît quand on fait de la musique pour soi, pas pour les autres — c’est authentique. » — Calamine
La présence des artistes en langues autochtones
« Les artistes qui veulent chanter en langues autochtones ont leur place aux Francouvertes. Je ne pouvais pas rêver de ça quand j’ai commencé. On nous barrait des radios, à part Radio-Canada, parce qu’on était classé “langue étrangère”. Je suis vraiment content qu’il y ait une femme autochtone cette année [Katia Rock], alors qu’on entre dans la décennie des langues autochtones [déclarée par l’UNESCO]. [Lors de la 25e édition], les premières parties étaient faites par des artistes en langues autochtones; c’était vraiment génial. » — Samian
Les retombées positives des Francouvertes
« La première fois que j’ai fait les Francouvertes, c’était avec ma formation Petite Papa, qui ne s’était vraiment pas bien classée. C’est important de mettre les bouchées doubles. J’ai poursuivi l’année d’après et j’ai eu plein de distinctions. Alors il faut se faire confiance. Allez-y, de belles choses peuvent vous attendre. […] Je peux témoigner que dans les deux expériences, j’ai eu full de retombées positives. Même la première année, on avait gagné des concerts à Coup de cœur francophone, de la publicité. C’est une carte de visite, un tremplin, les Francouvertes. Même si tu fais de la musique nichée, plein de gens ont la possibilité de voir que tu existes, même si tu ne te classes pas bien. » — Calamine
Le mode hybride des Francouvertes
Aux yeux des porte-parole, la formule hybride adoptée par les Francouvertes durant la pandémie, qui permet d’assister aux prestations en salle ou en ligne, est résolument bénéfique, notamment pour les artistes originaires de communautés éloignées de Montréal. Les porte-parole citent l’exemple de Katia Rock, artiste multidisciplinaire innue native de Maliotenam, sur la Côte-Nord, que les proches pourront contempler sur scène sans devoir parcourir les près de 1000 kilomètres qui les séparent de la métropole, souligne Samian.
Le mode hybride accroît en outre la visibilité de participant.e.s, qui peuvent désormais se donner en prestation devant plus de personnes que la jauge du Lion d’or. « C’est plus équitable pour tout le monde », conclut Calamine, qui estime que l’événement ne pourrait faire marche arrière sur ce plan.