Bienvenue dans l’envers du décor de la vie mouvementée d’un chanteur rock en quête de gloire! Avec Glam, son deuxième album, le flamboyant Lumière se pare de son plus seyant pantalon de cuir et de ses plus scintillantes chemises pour relater avec ardeur et grandiloquence les aléas de la tournée.
Ce nouvel opus poursuit sur la lancée du précédent, A.M.I.E.S.A.M.O.U.R (paru en 2021), une luxuriante fresque pop-rock inspirée des années 1970. Mais, comme l’indique le titre de ce second album, Lumière se la joue cette fois-ci franchement glamour!
Métro a rencontré Étienne Côté, de son véritable nom, dans le Mile End, au Pastel Rita, dont le rose omniprésent du décor rétro s’harmonise aux joues fardées du créateur qui, avec cet album de « théâtre-réalité » comme il le désigne, a embrassé l’exubérance et la démesure.
« Pour devenir une star, il faut broyer du noir », « Pour vivre de la musique, il faut se détruire », chante Lumière sur la pièce Rock Band.
Univers narratif
Glam déploie un univers narratif mettant en scène un chanteur qui rêve de grandeur avec son groupe rock. Lumière relate en chansons l’euphorie de la scène, tout comme les amours et amitiés sacrifiées au nom de la carrière, le désir de briller de mille feux côtoyant celui de déguerpir.
« J’aime créer des lieux, comme si on pouvait voir le personnage. C’est comme un scénario. L’idée, c’est de générer des images », explique Étienne, également batteur au sein du groupe Bon Enfant, qui a remporté le Félix du meilleur album rock de l’année au plus récent Gala de l’ADISQ pour Diorama.
« Plus tu dis quelque chose simplement, mais honnêtement, plus les gens peuvent se reconnaître là-dedans », poursuit l’auteur-compositeur-interprète féru de storytelling. « Ça peut être poétique, mais je ne cache pas d’informations, tout est là. Tu peux interpréter, mais je n’essaie pas de créer de double sens, je veux que l’image soit claire. »
Les tribulations découlant de la vie de tournée s’incarnent donc de façon concrète, à des lieues du cryptique, sous la plume de Lumière, qui s’est notamment inspiré de son propre déracinement en tournée.
« Les gens que je connais trouvaient que j’étais jamais là, comme insaisissable, mais je donnais tout pour mon projet, pour faire des shows. Si je ne le dis pas littéralement, ça doit se sentir; c’est difficile, ce métier-là, note-t-il. Mais quand le show commence, tu te souviens pourquoi tu fais ça. Il n’y en a plus de problèmes. »
L’assurance nouvelle
L’esthétique glamour de son nouvel album, composé au Québec et à Paris, où Lumière écrivait le printemps dernier un opéra rock, est la manifestation d’une assurance nouvelle. « Avec A.M.I.E.S.A.M.O.U.R, on était dans le froufrou avec des choses qui dépassent. Là, on est prêts à foncer. Cet album est plus assumé », affirme-t-il.
« Une impression de nonchalance se dégage de ça, mais au fond, il y a beaucoup de travail derrière, rien n’est laissé au hasard. C’est ça, le glam! »
Lorsqu’Étienne a amorcé l’enregistrement en septembre dernier, ses complices musicien.ne.s (dont Daphné Brissette de Bon Enfant ainsi que N NAO) et lui jouissaient d’une « espèce d’erre d’aller ». « On a profité de ça pour arriver confiants en studio. »
« S’il y avait un obstacle, on passait à côté naturellement. On faisait avec cette force qui avance », explique celui qui a conçu l’album dans l’urgence afin de le lancer ce printemps.
Un musicien n’était pas libre pour une séance? On en appelait un en renfort (notamment Nicolas Basque, membre de Bibi Club et Plants and Animals). Le bassiste avait oublié ses guitares? On jouait avec celles qui se trouvaient dans la pièce, énumère Étienne. « J’ai beaucoup appris en ayant ce mode de pensée, en faisant avec les imprévus. »
Des coulisses de Lapointe et Luciani
D’autres expériences formatrices au cours de la dernière année auront certainement été les premières parties que Lumière a effectuées pour Pierre Lapointe et Clara Luciani en France, qui lui ont permis d’observer ces deux artistes à l’œuvre dans moult facettes du métier… et de se produire dans les plus grands stades de l’Hexagone avec la star française.
Aspire-t-il à des concerts d’une telle envergure? « Avant de tourner avec Clara, je me disais que c’était la plus belle chose qui soit, comme si c’était le but à atteindre, répond-il. Mais en le faisant, je me suis rendu compte que c’était pas tant mon truc. »
« Dans d’énormes salles en France comme le Zénith, le show est formaté, ce sont les mêmes arénas en béton un peu excentrés. Ce sont toujours les mêmes rituels. Je veux une salle chaque fois différente, que je dois apprendre à connaître, avec laquelle je peux travailler, sans avoir toujours le même décor ou le même set-up. »
Parlant d’aspirations, Étienne Côté, qui écrit en ce moment un opéra pop, continuera à faire rayonner Lumière tout en jouant avec ses ami.e.s de Bon Enfant. Deux « projets qui vivent dans un esprit de collaboration et qui tirent avantage l’un de l’autre », estime-t-il.
L’interpelle en outre la musique de film… et de théâtre. Tout naturel pour un artiste irradiant de créativité qui allie musique et théâtralité comme personne.
Pour voir Lumière en concert