Oui, les enfants peuvent aussi profiter des bienfaits de la méditation. La pratique pourrait même avoir des effets positifs sur leur bulletin.
Difficile d’imaginer une classe du primaire paisiblement assise en posture du lotus. La pleine conscience fait pourtant partie des facteurs clés à un apprentissage et un bien-être décuplé auprès de la nouvelle génération.
Tout est dans la manière de l’enseigner. «Il y a en fait plusieurs activités qui nous permettent d’être en présence attentive qui ne passent pas nécessairement par de la méditation formelle», indique Catherine Malboeuf-Hurtubise. Dans son livre Mission Méditation, la psychologue répertorie une dizaine d’ateliers de pleine conscience allant de la concentration sur la respiration à l’écoute attentive de la musique, en passant par l’observation des sens.
«Du moment où l’on s’ancre dans le moment présent, on pratique a fortiori la pleine conscience», résume-t-elle.
Lors d’une activité de pleine conscience, enfants et adultes sont généralement invités à répondre à l’une des trois questions suivantes : À quoi pensent-ils? Quelles émotions vivent-ils? Quelles sensations physiques sont-ils en train d’expérimenter?
Des bienfaits multiples
Une étude de l’Université de Sherbrooke réalisée auprès d’une dizaine d’enfants et leurs parents a permis de prouver que de tels exercices améliorent nettement la concentration des tout-petits.
«Leur capacité à manipuler et retenir de l’information s’est aiguisée. Ils ont aussi fait preuve de plus de flexibilité cognitive en proposant une plus grande diversité de solutions devant des problèmes à résoudre», témoigne la professeur Véronique Parent, qui a piloté l’étude.
Après sept séances méditatives de 90 minutes visant à développer la pleine conscience et l’exploration des émotions, la scientifique a également constaté que les participants se montraient moins réactifs et se laissaient moins submerger par leurs émotions.
«En prenant une pause, les enfants apprennent à reconnaître ce qui est important pour eux et à agir moins impulsivement», confirme Catherine Malboeuf-Hurtubise.
Chez des pratiquants expérimentés, on a même pu voir que l’insula, une région du cerveau associée à la régulation émotionnelle, a été littéralement remodelée par la pratique. Qui sait ce qui pourrait advenir de la matière grise des méditants en herbe qui débutent encore plus tôt?
Et ça va plus loin
Véronique Parent s’intéresse également aux parents qui s’adonnent à la pleine conscience avec leurs enfants, mais la recherche est encore en cours de développement. Ceci dit, la chercheuse perçoit déjà de meilleures relations parent-enfant. Un changement possiblement relié à une baisse d’agressivité chez les adultes.
La méditation se révèle enfin prometteuse chez les élèves issus de la neurodiversité. «On voit une diminution des symptômes d’inattention chez les élèves vivant avec des troubles d’apprentissage ou avec un déficit d’attention avec hyperactivité», note Véronique Parent. Le champ d’intervention de la pleine conscience sur le spectre de l’autisme et les troubles anxieux est d’ailleurs en pleine effervescence au sein de la communauté scientifique internationale.
Malgré ses nombreuses vertus, la pratique méditative n’est toutefois pas conseillée à tous. «Les jeunes vivant notamment avec des troubles anxieux sévères peuvent voir leurs symptômes s’aggraver. Il faut faire attention au public à qui l’on s’adresse et s’assurer que l’expérience ne sera pas douloureuse pour certains», recommande Véronique Parent.
Peu importe l’âge auquel on la pratique, la pleine conscience est en somme un moyen pour arriver à une fin: toucher au moment présent le plus souvent possible.
Initier les jeunes à la méditation
Commencez avec des séances (très) courtes: Méditer pour la première fois pendant 15 minutes, c’est un pari risqué et plus souvent qu’autrement inconfortable. «30 secondes ou 1 minute au début, c’est amplement suffisant. Avec le temps, on peut allonger graduellement», explique Catherine Malboeuf-Hurtubise. Et cette technique vaut aussi pour les adultes!
La fréquence est plus importante que la forme: une pratique régulière s’avère plus efficace que se limiter à une seule activité de pleine conscience. «On explore toutes sortes d’activités et on voit ce qui apaise le plus les enfants, du moment où l’on pratique le plus souvent possible», résume Catherine Malboeuf-Hurtubise.
Prêchez par l’exemple: Les jeunes apprennent énormément par l’observation. En puisant dans notre pratique personnelle, on peut inspirer plus facilement les plus jeunes générations. «Si on n’incarne pas la valeur en question, ce sera plus difficile de la transmettre», soulève Véronique Parent. Une foule de ressources sont à la disposition des parents et des enseignants pour s’éduquer sur la pratique. Métro vous en propose quelques-unes au bas de cet article.
Soyez le guide: Avec la grande offre d’applications mobiles spécialisées, la tentation est grande de suivre en groupe l’enregistrement d’une méditation guidée. «Mouillez-vous et menez la méditation, conseille plutôt Catherine Malboeuf-Hurtubise. En partageant ce temps de qualité avec vous, les enfants auront encore plus envie de s’y adonner.»
Ressources pour la pleine conscience chez les enfants
Mission Méditation: pour des élèves épanouis, calmes et concentrés par Éric Lacourse et Catherine Malboeuf-Hurtubise
Petit Bambou, une application de méditation 100% francophone
Rose Buddha, une application de méditation bilingue et entièrement créée au Québec