Le but d’Occupation Double est de former un couple gagnant. Ici, on parle… d’une femme et d’un homme. À part la déco des maisons, il n’y a pas grand-chose qui a changé cette année et le modèle du couple hétéronormatif semble toujours fasciner les jeunes, qui sont nombreux à regarder la téléréalité. Pourquoi donc?
D’après Annie Cloutier, docteure en sociologie, les jeunes rêvent toujours au couple monogame et à la vie de famille traditionnelle comme projet de vie idéal, en partie à cause du modèle de «couple parfait» véhiculé à OD 2021.
«Ça reconduit des façons de faire qui appartiennent au siècle passé [et plus précisément aux années 1950], s’étonne-t-elle. C’est intéressant de voir à quel point cet idéal est populaire, même s’il ne correspond pas aux valeurs actuelles.»
L’experte apporte cependant une nuance: même si les jeunes rêvent à l’amour monogame, beaucoup possèdent une grande tolérance au polyamour. Mme Cloutier estime qu’on la décèle dans l’ouverture et le soutien des téléspectateurs envers les candidats qui manifestent leur désir d’embrasser plusieurs partenaires.
Plus de diversité dans les couples
Comme plusieurs, Annie Cloutier déplore qu’Occupation Double ne fasse pas plus de place aux relations LGBTQ2S+ ou polyamoureuses, estimant que les jeunes ont besoin de plus de représentation pour se sentir validés dans leurs identités ou leurs explorations.
Elle admet que ce serait difficile à intégrer pour la production, puisque le but du jeu est fondamentalement de former des duos gagnants ou, autrement dit, des couples monogames.
Disons qu’en observant tout le drama du triangle-rectangle Sabrina, Fred, Nicolas, Audrey, on comprend qu’il reste du travail à faire avant de passer à d’autres formes de couples.
«Il n’y a pas de modèle [de relation] unique. Et quand les jeunes écoutent une émission qui est censée refléter l’ensemble de la société, et qu’ils n’ont droit qu’à un seul modèle de couple, ça peut être difficile de s’identifier [de s’autovalider].»
Mais on ne peut pas dire qu’OD est complètement fermé d’esprit. Le passage de Jolie-Ann cette année et celui de Khate il y a deux ans le prouvent. Mme Cloutier a même vu un changement de mentalité chez ses étudiants du cégep quant à la compréhension de la transidentité.
Il faudra écouter les éditions à venir pour voir si on aura un jour la maison… du polyamour. On se croise les doigts!