Bientôt deux ans que ça dure. Pour préserver sa santé mentale, vaut-il mieux entretenir un espoir de retour à la vie normale ou carrément accepter que plus rien ne sera comme avant?
«Je dirais que la réponse tend plus vers la deuxième option: accepter que ce ne sera plus jamais comme avant», lance d’entrée de jeu la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Mais elle nuance : «Il faut l’accepter, oui, mais pas dans une résignation qui peut mener à un sentiment d’impuissance et à la dépression.»
La psychologue privilégie plutôt une acceptation réflexive qui amène à se demander quoi faire pour se créer une nouvelle réalité qui va nous correspondre.
La crise est une excellente occasion pour réfléchir et apprendre. C’est selon elle beaucoup plus proactif. Cette approche augmente les chances de nous mener au bien-être.
Le déni, jamais bon
Un retour à la normale est pour elle quasi impossible. «Tellement de choses se sont passées depuis le début de cette crise que le retour à la vie d’avant n’est pas nécessairement possible.»
S’accrocher à cette idée s’apparente à faire du déni, selon la psychologue. «Ce serait minimiser l’impact des choses qui ont été bouleversées. Il y a un risque de déchanter fortement et d’être d’autant plus affecté psychologiquement.»
De plus, rester dans l’espoir sans rien travailler risque très fortement de mener à une déception, estime-t-elle.
«L’espoir d’un retour à la vie normale est l’équivalent du “ça va bien aller”. Si on fait juste se baser là-dessus, on ne devient pas un acteur de changement.»
On définit d’ailleurs de plus en plus le contexte actuel comme une endémie plutôt qu’une pandémie. C’est-à-dire que le virus s’est installé pour de bon et que l’on va devoir vivre avec celui-ci.
«La réalité change tout le temps, mais il faut être flexible et nuancé pour s’y adapter même si ce n’est pas facile, témoigne la psychothérapeute Marie-Anne Bougie. C’est comme lorsque l’on débute une nouvelle relation amoureuse. Elle n’est pas pareille à la précédente, mais le besoin d’être aimé est tout de même satisfait, mais différemment.»
Si belle, la vie d’avant?
Mais de toute façon, un retour à la vie d’avant est-il réellement souhaitable?
«En temps de crise, on idéalise comment c’était avant, croit Geneviève Beaulieu-Pelletier. La vie normale d’avant, avec son rythme rapide, nous satisfaisait-elle tant que ça collectivement?»
La psychologue estime qu’il y avait déjà un mal-être chez plusieurs. Y retourner ne serait pas nécessairement si bénéfique pour apaiser le brouhaha dans nos caboches.