Le chef Charles-Antoine Crête, copropriétaire du populaire restaurant Montréal Plaza, a connu une année mouvementée. Il a lancé son propre service de repas pour emporter, tout en travaillant à l’élaboration d’un nouvel espace qui ouvrira sous peu. Il s’est aussi engagé dans le Collectif de la gastronomie québécoise, dont l’objectif est d’offrir un soutien aux producteurs locaux. Entrevue avec un chef hyperactif.
En quoi ta cuisine reflète-t-elle l’ambiance de ton restaurant?
«À l’image de notre style culinaire, l’ambiance y est rythmée et vivifiante. Avant même de lancer le Montréal Plaza, Cheryl Johnson (chef de cuisine et copropriétaire) et moi rêvions d’un resto de qualité supérieure. Notre critère primordial, outre la qualité de la bouffe, était que notre restaurant soit accessible et inclusif: que tout le monde y soit traité de façon égale. Nous avions envie que les gens se sentent comme à la maison, d’où notre passion pour les plats à déposer au centre de la table et à partager.»
Tes adresses favorites dans la Petite-Patrie, près du Montréal Plaza?
«Il y a absolument tout dans mon coin, ce qui fait que je n’en sors que très peu! Chaque matin, vous me trouverez au Café San Gennaro, où le café est excellent. Sinon je passe souvent voir mes amis du restaurant Vin Mon Lapin. Aussi, comme je suis bricoleur, « patenteux », l’un de mes endroits fétiches est la quincaillerie La boite à clous, où je trouve toujours ce dont j’ai besoin.»
Ton plus beau souvenir culinaire de voyage?
«J’ai des souvenirs inoubliables au El Bulli en Catalogne (couronné cinq fois meilleur restaurant au monde entre 2002 et 2009). La première fois, en 1999, j’y ai mangé un faux couscous fait avec du chou-fleur et un seul verre de vin, car mon amie et moi n’avions pas beaucoup de sous. Ça m’a tellement marqué que par la suite, jeune sous-chef chez Toqué! J’ai envoyé 17 fois mon CV pour y travailler. Comme je n’obtenais aucune réponse, j‘ai acheté un billet d’avion et je me suis rendu sur place. Je suis entré par effraction dans le resto en plein jour pour remettre mon CV en main propre! Ma persévérance a porté fruit, car c’est ainsi qu’à l’âge de 23 ou 24 ans, j’ai réalisé mon rêve de travailler au El Bulli. J’y suis resté une saison et demie.»
Un souvenir culinaire d’enfance?
«C’est facile, les fameux sandwichs au beurre de pinottes et tomates de ma mère. Avec un peu d’huile d’olive, du sel et du poivre, c’est tout simplement divin. Ma mère était en avance sur son temps à l’époque, car elle avait créé un sandwich sucré-salé, amalgame de saveurs aujourd’hui très populaire. Dès que la saison des tomates arrive, je fais encore régulièrement ce sandwich à tout le monde qui passe chez moi et il est apprécié à l’unanimité.»
Une soirée parfaite pour toi, ça ressemble à quoi?
«Les soirées avec ma mère étaient parfaites, on était tellement proches. Elles débutaient en après-midi et se terminaient toujours très tard dans la nuit. On prenait l’apéro, on cuisinait, on riait, on mangeait, on buvait, puis immanquablement après minuit, mon père nous demandait deux ou trois fois d’aller nous coucher. J’ai fait le calcul suivant: ma mère a été dans ma vie 15 737 jours. Si je pouvais revivre un seul de ces moments précieux en sa compagnie, ne serait-ce que cinq minutes, je le ferais tout de suite.»
L’aliment que tu as toujours dans ton frigo?
«Du soya biologique, car il se marie avec tout et est riche en umami qui, selon les Japonais, désigne la cinquième saveur, après le sucré, le salé, l’acide et l’amer. Mon rêve est d’ailleurs de vivre au Japon. Cheryl et moi pensions ouvrir un restaurant à Kyoto avant la pandémie. Ce projet est encore sur la glace.»
Un autre projet culinaire qui te tient à cœur?
«J’aimerais créer un alcool original à base de produits du Québec. Cela fait maintenant trois ans que je m’amuse à développer des assemblages d’alcool avec Lilian Wolfelsberger, le propriétaire de la Distillerie de Montréal. On a fait de nombreux essais et on commence finalement à avoir des résultats intéressants. À suivre…»
Actualités
Charles-Antoine Crête ouvrira prochainement un restaurant de 50 places assises avec Cheryl Johnson, dans un local de 2000 pieds carrés sur la Plaza Saint-Hubert. Le restaurant s’appellera Juliette Plaza, en l’honneur de sa mère.