Le Festif de Baie-Saint-Paul débute aujourd’hui. Quelque 40 000 personnes vont débarquer dans ce petit village de Charlevoix, qui compte habituellement environ 7 000 âmes. Pas de panique, malgré son ampleur, le festival est reconnu pour être le plus vert au Québec.
«Soucieuse de son environnement et consciente du poids environnemental d’un grand rassemblement populaire comme le Festif, la jeune équipe s’est dotée d’une politique verte en 2013 et reste à l’affût des innovations en la matière», pouvait-on lire dans le communiqué diffusé par le Conseil québécois des événements écoresponsables lorsque le Festif a remporté les grands honneurs en novembre dernier, au gala Les Vivats, qui récompense les événements les plus écolos au Québec.
Engagé depuis le début
Malgré sa croissance, l’organisation du Festif a toujours mis les enjeux de développement durable au cœur de ses réflexions.
«L’écoresponsabilité et le développement durable ont toujours été dans l’ADN du festival», indique Anne-Marie Dufour, co-fondatrice, directrice à la production et au développement durable du Festif.
Depuis sa toute première édition, le Festif propose une offre alimentaire 100% locale. Une offre qui, à l’époque, avait valu au festival le prix Vivat dans la catégorie fournisseur alimentaire.
Depuis, toute une série d’actions, innovantes dans le milieu de l’événementiel, a été mise en place.
Des mesures ultra écolos
Aujourd’hui, le festival peut se targuer d’être complètement zéro déchet. Il ne produit ni ne vend aucun déchet ultime, c’est-à-dire qui va à la poubelle.
La nourriture est offerte en vrac dans les loges d’artistes, la bière est en économie circulaire (sans création de déchets), servie dans des verres écocup (réutilisables). Sur le site, on retrouve des stations d’eau potable pour remplir sa gourde et des stations de récupération de mégots de cigarettes.
C’est également un festival piéton. On y navigue à pied, à vélo grâce à un partenariat avec l’organisme local Baiecycle, ou en navette. Pour s’y rendre, il existe un groupe de covoiturage.
Sur le site, on retrouve une escouade verte au kiosque de développement durable pour expliquer tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet.
Aussi, nouveauté cette année : de la sérigraphie sur vêtements usagés. Dans une optique zéro déchet, le festival a décidé d’arrêter la production de produits dérivés en 2020.
«Cette mise en place de presse à sérigraphie, en collaboration avec le Centre d’Art actuel de Baie-Saint-Paul, permet de privilégier le réemploi, en plus de donner de la visibilité à un organisme d’art de la région », souligne Anne-Marie Dufour.
Finalement, le festival fait aussi affaire avec des organismes en compensation de GES.
Une question de respect
«On sait que notre festival va avoir un impact. Notre but est de respecter le plus possible le territoire sur lequel on est et les citoyens qui l’habitent. On est, nous-mêmes [l’organisation], des citoyens engagés originaires ou résidents de Baie-Saint-Paul», affirme Anne-Marie Dufour.
La responsable du développement durable estime qu’en mettant en place autant d’actions écoresponsables, le festival attire un public qui partage ces mêmes valeurs. Ainsi, les festivaliers du Festif sont très respectueux du site, cherchent à composter, à bien se débarrasser de leurs mégots, etc.
«Le respect se fait des deux côtés et cela se ressent dans l’ambiance générale du festival», remarque-t-elle.
Et il n’y a pas que les festivaliers qui apprécient ces efforts; les artistes aussi. Plusieurs remercient le festival de ne pas leur donner une caisse de 48 bouteilles d’eau, par exemple.
«On est reconnus pour ça. Maintenant, de plus en plus d’artistes demandent de ne pas avoir de bouteilles d’eau, d’avoir de la nourriture locale, en vrac, etc., comme on fait ici», se réjouit Anne-Marie Dufour.
Un modèle à suivre
Au fil du temps, le Festif est devenu un modèle dans le domaine de l’événementiel. La responsable du développement durable du festival raconte passer plusieurs heures par semaine à répondre à des courriels par rapport à leurs pratiques écoresponsables, à participer à des tables rondes, des congrès. Divers festivals et organisations d’événements lui demandent régulièrement des conseils. Des étudiants font même des travaux universitaires sur leurs actions.
La cofondatrice croit aussi que les festivaliers, de manière générale, veulent de plus en plus des festivals qui prennent en considération leur impact sur l’environnement et agissent en conséquence.
Elle se désole lorsqu’elle se promène dans des festivals, en 2022, et voit des verres en plastique non réutilisables. Pour elle, ça ne passe plus.
«Je vois des spectateurs choisir de ne pas prendre d’alcool pour décrier ça…»
Elle croit que si le Festif, à 40 000 visiteurs, est capable de le faire, d’éliminer le déchet ultime, par exemple, les autres événements devraient être en mesure de le faire également.
«Ce n’est pas si compliqué», conclut-elle.