Alors que l’ensemble du Canada se prépare pour la campagne électorale fédérale, certaines circonscriptions sont à surveiller dans l’est de Montréal. Si plusieurs députés y ont gagné avec une large avance lors de l’élection de 2019, d’autres députés sortants pourraient faire face à de chaudes luttes dans les prochaines semaines.
Selon le directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill, Daniel Béland, la course sera particulièrement intéressante dans les circonscriptions de Rosemont–La-Petite-Patrie et d’Hochelaga lors de l’élection du 20 septembre.
Encore cette année, la députée libérale sortante d’Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada, et le candidat du Bloc québécois, Simon Marchand, se livreront bataille.
Lors de l’élection fédérale de 2019, Mme Martinez Ferrada avait gagné avec 34,1% des votes, avec seulement 319 voix d’avance sur M. Marchand (33,5%). «C’était très, très, très serré», note le politologue.
M. Béland rappelle qu’Hochelaga a d’ailleurs souvent changé d’allégeance dans un passé récent. En effet, la circonscription a été sous la gouverne du Bloc Québécois, de 2004 à 2011, puis a été conquise par la vague orange, de 2011 à 2019.
Rosemont, dernier survivant de la vague orange
Rosemont–La-Petite-Patrie risque également d’être le théâtre d’une campagne électorale intéressante, considérant que le dernier survivant de la «vague orange» du NPD de 2011, Alexandre Boulerice, tentera de défendre son siège.
«Ça va être intéressant de voir si M. Boulerice va être capable de survivre dans un environnement hostile et où le NPD est vraiment affaibli au Québec», soutient M. Béland.
Lors de la dernière élection fédérale, le député avait toutefois gagné avec une avance confortable (42,3% des votes) devant la libérale Geneviève Hinse (24,1% des suffrages). Cette dernière sera remplacée lors de cette élection par la candidate Nancy Drolet, ancienne médaillée olympique.
Malgré le manque de popularité du NPD au Québec, le politologue croit que M. Boulerice a de bonnes chances de l’emporter, car il est fort aimé des citoyens. «Il a aussi l’appui des syndicats et de Québec solidaire dans la région.»
Des circonscriptions plus difficiles à conquérir
Le politologue note que plusieurs circonscriptions de l’est montréalais ont été gagnées avec une forte avance en 2019.
Dans ce contexte, il entrevoit une lutte moins chaude pour les députés libéraux Justin Trudeau, dans la circonscription de Papineau, Pablo Rodriguez dans Honoré-Mercier, Emmanuel Dubourg dans Bourassa et Patricia Lattanzio, dans le bastion libéral de Saint-Léonard–Saint-Michel.
Bien qu’il doute que le combat y soit très serré, il souligne que la circonscription de Laurier–Saint-Marie a souvent changé d’allégeance. «Pendant longtemps, ce comté a été bloquiste. Ensuite, il y a eu le NPD. Mais je pense que Steven Guilbeault a quand même de bonnes chances de se faire réélire.»
Les citoyens de La Pointe-de-l’Île, seul bastion du Bloc Québécois à Montréal, ont de bonnes chances de réélire le député Mario Beaulieu, selon lui. La circonscription est bloquiste depuis 2004, à l’exception d’une parenthèse du NPD entre 2011 et 2015.
Logement social et fusillades
Si la campagne risque de se concentrer sur des enjeux plus généraux, certains enjeux locaux, comme celui du logement social, risquent de ressortir dans les débats.
«La question des fusillades dans l’est de la ville va relancer le débat sur les armes à feu. Surtout s’il y a d’autres fusillades durant la campagne», ajoute M. Béland.
Malgré tout, le politologue soutient que la prochaine campagne électorale canadienne risque d’être très centrée sur la relance économique, l’environnement, et sur la gestion de la pandémie par les libéraux.
Une forte montée de cas de COVID durant la campagne électorale pourrait d’ailleurs jouer en défaveur du Parti libéral, alors qu’aucune autre formation politique ne souhaitait enclencher d’élections.
Résultat des élections de 2019
La Pointe-de-l’Île
Le député du Bloc Québécois (BQ) Mario Beaulieu avait été réélu avec 47,1 % des votes devant son adversaire libéral (PLC), Jonathan Plamondon (30,4 %) et Ève Péclet, du Nouveau Parti démocratique (NPD) (10,8%). Robert Coutu, alors candidat du Parti conservateur (PC), avait récolté 7,2% des voix.
Honoré-Mercier
Pablo Rodriguez, du Parti libéral du Canada (PLC), avait été réélu avec 58,7% des voix, devant Jacques Binette, du Bloc Québécois (BQ) à 19,8%. Guy Croteau, du Parti conservateur (PC) avait obtenu 9,6% des voix et Chu Anh Pham, du NPD recueillait 8,1% des voix.
Bourassa
Le député libéral Emmanuel Dubourg avait été réélu avec 57,6% des voix, suivi d’Anne-Marie Lavoie, du Bloc Québécois (22,5% des voix). Konrad Lamour, du NPD, avait obtenu 7,9% des voix. Catherine Lefebvre, du PC, en avait eu 7,2%.
Saint-Léonard–Saint-Michel
La candidate libérale Patricia Lattanzio avait emporté l’élection avec 22 200 voix d’avance (61,2%). Ilario Maiolo, du Parti conservateur, était arrivé deuxième (11,9%), suivi de Dominique Mougin du Bloc Québécois (9,6%).
Papineau
Le député libéral et premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a été réélu avec 51,2% des votes. Christine Paré, du NPD, était en deuxième place (18,9%), suivie de Christian Gagnon, du Bloc (15,9%), et de Juan Vazquez, du Parti vert du Canada (7,6%).
Rosemont–La-Petite-Patrie
Le député Alexandre Boulerice, du NPD, a été réélu avec 42,3% des votes. La candidate libérale Geneviève Hinse a, pour sa part, eu 24,1% des votes. Elle était suivie de Claude André, du Bloc Québécois (24%) et de Jean Désy, du Parti vert du Canada, (5,9%).
Laurier–Saint-Marie
La circonscription est passée de la bannière du NPD à celle libérale avec l’élection de Steven Guilbeault. Il a été élu avec 41,6% des voix. Il devançait ainsi Nima Machouf, du NPD (25,1%), Michel Duchesne, du Bloc (23,2%) et Jamil Azzaoui, du Parti vert (5,9%).
Hochelaga
Hochelaga est passée de l’orange au rouge avec l’élection de la candidate libérale Soraya Martinez Ferrada (34,1% des voix). Elle a ainsi devancé Simon Marchand, du Bloc québécois (33,5%), Catherine Roy-Goyette, du NPD, (21,4%) et Robert Morais, du Parti vert (4,8%).