Jamais depuis les dix dernières années le Centre opérationnel de l’est de Montréal n’aura déclaré autant d’homicides, révèle le rapport annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour l’année 2021.
Ce sont 15 homicides qui ont été déclarés dans l’Est sur un total de 36 pour l’île de Montréal. C’est le plus grand nombre constaté par un centre opérationnel du SPVM depuis plus de 10 ans. Il est à préciser que la moyenne d’homicides dans l’est de Montréal depuis 2011 se situe à près de neuf homicides par an. L’écart par rapport à cette moyenne a donc bondi de 70% en 2021 seulement.
Selon les données compilées par les postes de quartiers du SPVM, les secteurs de Montréal-Nord, de Saint-Léonard et de Rivière-des-Prairies se classent ex æquo avec chacun quatre homicides déclarés en 2021.
Ce nombre demeure toutefois peu préoccupant, soutient l’analyste Guy Ryan, ex-inspecteur au SPVM. «[Cette augmentation des homicides] n’est pas drastique. Montréal demeure une ville sécuritaire malgré les récents événements», assure-t-il.
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C’est le nombre total de crimes contre la personne rapportés dans les secteurs de l’est de Montréal en 2021. Cela comprend les homicides, les tentatives de meurtre, les voies de fait, les agressions sexuelles et les vols qualifiés. C’est une augmentation de plus de 6% par rapport aux données de 2011.
Les armes à feu plus accessibles
«Côté homicides, il y a eu beaucoup d’événements graves liés aux armes à feu et [qui] viennent affecter le sentiment de sécurité des résidents malgré l’intensification des patrouilles policières», explique l’analyste, en précisant que l’augmentation générale des crimes contre la personne à Montréal en 2021 serait en grande partie due à l’accessibilité des armes à feu sur l’île.
Bien que la très grande majorité des fusillades visent selon lui uniquement des membres du crime organisé et des gangs, l’expert de la scène policière déplore que des victimes innocentes soient parfois touchées lors de ces décharges d’armes, affectant encore davantage, et avec raison, le sentiment de sécurité des résidents.
Les gangs et le crime organisé règlent leurs comptes
L’ex-inspecteur du SPVM note en outre une augmentation importante des règlements de comptes et des purges au sein du crime organisé et des gangs. «Dans ces cas-là, il y a beaucoup d’utilisation d’armes à feu. Les membres veulent monter rapidement [dans la hiérarchie] et touchent parfois des victimes innocentes. On n’en est pas à l’abri, comme dans la plupart des grandes villes américaines. Les gangs de rue sont plus impromptus et imprévisibles pour les services de police, à moins d’avoir de bonnes sources, mais ça prend énormément de temps», explique l’analyste.
«[Les cas d’homicides par armes à feu] sont et demeurent une priorité pour les services de police», conclut-il.
Cette recrudescence des purges et règlements de comptes au sein des organisations criminelles est aussi observée par la criminologue et ex-députée fédérale d’Ahuntsic Maria Mourani, qui dénonce le sentiment «d’arrogance» et «d’impunité» présent dans les conflits de gangs depuis 2020. «On n’a jamais été habitué à ça à Montréal, même pendant les guerres de mafias», ajoute-t-elle. «Si les représentants de l’État ne les mettent pas au pas, ça va devenir comme New York et Toronto. Ça prend un message clair de tolérance zéro qui doit être [déclamée] par nos décideurs.»
Le Centre opérationnel de l’est de Montréal
Il regroupe les PDQ:
• 23 – Hochelaga-Maisonneuve
• 39 – Montréal-Nord
• 42 – Saint-Léonard
• 45 – Rivière-des-Prairies
• 46 – Anjou
• 48 – Mercier
• 49 – Montréal-Est, Pointe-aux-Trembles