Le terrain jouxtant l’église de la Visitation, où se trouvait l’ancien Fort-Lorette, pourrait devenir un parc ou un centre d’interprétation archéologique. De larges consultations sont menées en ce sens. Toutefois, le site n’a pas encore livré tous ses secrets.
L’intention de la Ville et de l’arrondissement est de mettre en valeur ce site historique classé patrimonial en 2018. Mais avant de prendre une décision, des discussions avec des organismes et associations intéressées à l’histoire, ainsi qu’avec des citoyens, sont en cours.
«Depuis le début, nous avons deux consultants qui nous aident pour dégager une espèce de trame, une vision pour le lieu», indique le conseiller du Sault-au-Récollet, Jérôme Normand.
Les représentants de la fabrique de l’église de la Visitation et la représentante du Centre linguistique et culturel de Kanesatake ont été également associés aux débats sur l’avenir du site de Fort-Lorette.
Au bout de quelques rencontres, trois scénarios se sont dégagés. Ils seront présentés le 29 septembre.
Le groupe aura jusqu’au 6 octobre pour faire parvenir ses commentaires, puis un sondage grand public, probablement en ligne, sera organisé cet automne.
«C’est pour mettre aussi à contribution les citoyens et alimenter l’analyse», souligne M. Normand. Ce n’est qu’après que sera présentée une vision synthèse et que l’on saura quel avenir sera réservé au terrain.
Doutes
«Nous n’avons jamais été contre l’idée de mettre en valeur le site, que ce soit un musée, un parc, un centre d’interprétation ou quoi que ce soit d’autre. Mais, selon nous, il est prématuré de faire la mise en valeur d’un site ne sachant pas quel est son potentiel archéologique», observe le coprésident de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, Yvon Gagnon.
Le terrain a connu deux fouilles, en 2017 et 2018. Dans les deux cas, il s’agissait d’explorations préliminaires avant des recherches plus approfondies.
«Le rapport des fouilles n’a pas encore été publié. On ne sait pas ce qui a été retrouvé. On ne sait pas ce qu’il y a sous nos pieds», avertit M. Gagnon.
Le document a été remis à la Ville, mais il n’a pas encore été rendu public.
L’autre souci est la protection du site. Actuellement, malgré une mince clôture, son emplacement en bord de rive en fait un lieu de villégiature sauvage.
«C’est un vrai bordel à ciel ouvert en ce moment», fulmine M. Gagnon. Il n’est pas rare de trouver sur le terrain des détritus divers ou d’y rencontrer des gens venus pour des libations en plein air.
Il craint qu’une mise en valeur ne rende le lieu encore plus attractif, menaçant alors son intégrité patrimoniale.
Le terrain dit de Fort-Lorette renferme les restes des fortifications bâties en 1691, qui avaient remplacé la Mission de la Montagne destinée à l’évangélisation des autochtones. Il était également un lieu d’établissement autochtone bien avant l’arrivée des premiers explorateurs et missionnaires français au 17e siècle.
Le terrain appartenait aux Sœurs de Miséricorde qui l’avaient cédé en 2016 au promoteur Antonio Rizzo pour un peu plus de 2 M$.
Alertée par des citoyens inquiets de voir un site potentiellement patrimonial servir d’assiette à un développement immobilier, la Ville avait racheté le terrain pour 5,7 M$. Après une première fouille, le terrain a été classé par le ministère de la Culture du Québec.