Un finissant du collège Regina Assumpta, à Ahuntsic, a lancé une pétition pour que l’enseignement à distance – les cours en ligne – soit au choix, comme en Ontario. Une option qui serait efficace si toutes les conditions de réussites étaient réunies, affirment des spécialistes.
Dès aujourd’hui, les élèves de 4e et 5e secondaire doivent suivre leur cours en classe et virtuellement en alternance. Une décision pour s’assurer de garder les établissements scolaires ouverts.
«Il est clair que pour certains élèves, c’est nécessaire d’être en présence d’un enseignant. C’est pour cela qu’il faut offrir le choix», indique Adam Al-Finge.
Pour lui, les cours à distance réduiraient largement les contacts et n’auraient pas de conséquences sur la vie scolaire actuellement. «Le gouvernement a arrêté les sports et les activités parascolaires. Il nous dit qu’on ne peut plus manger avec nos amis. Ce n’est pas agréable. Je trouve qu’être à la maison a les mêmes effets négatifs sur la socialisation que d’être à l’école en ce moment», soutient l’adolescent.
La pétition d’Adam Al-Finge a été mise en ligne le 30 septembre. Elle est destinée aux ministres de l’Éducation et de la Santé.
Le document lancé en ligne a récolté plus de 160 signatures en huit jours. Toutefois, son initiateur a bon espoir d’en amasser plus. Une démarche similaire lancée en août par des parents avait atteint plus de 31 000 signatures et est toujours disponible à plus d’appuis.
«Le gouvernement croit que la meilleure place pour les enfants demeure l’école. Nous savons que la situation évolue, mais nous nous adaptons et nous prenons toutes les décisions pour maintenir les écoles sûres», a insisté le ministre Roberge.
Tard
Pour la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui représente 49 000 professeurs, faire des cours en ligne n’est pas impossible, mais extrêmement difficile à réaliser.
«Mettre en place tout cela en si peu de temps risque de poser des difficultés majeures», soutient le président de la FAE, Sylvain Malette.
Selon lui, les enseignants ne savent pas si tous les moyens technologiques et le soutien technique sont en place. «Il y a aussi la question de l’adaptation des programmes d’enseignement. Parce qu’on ne donne pas un cours en présence des élèves comme on le donne en ligne», prévient-il.
Il rappelle au passage que son syndicat avait interpellé le gouvernement à la fin du printemps pour concevoir des méthodes d’enseignement alternatives en cas de deuxième vague.
«On aurait eu le temps d’organiser les choses. Là, on travaille dans l’urgence et dans ce cas, peut-être qu’il y a des éléments qui nous échapperont», souligne-t-il.
Il mentionne qu’on aurait pu faire appel aux enseignants retraités pour donner les cours en ligne notamment.
Expérimentation
La directrice générale de l’association Entreprises pour le développement des technologies éducatives au Québec (EDTEQ), Julie Chamberland, avertit qu’il ne suffit pas de donner des cours sur Zoom pour faire de l’enseignement en ligne.
Son association fait la promotion des innovations technologiques québécoises en éducation et regroupe des organismes comme Alloprof.
«Si on doit couper le lien avec le prof, on doit favoriser la motivation de l’élève et pour cela il y a plein de belles choses qui existent, encore faut-il faire le pas pour les essayer», avise-t-elle.
Pour elle, la vraie activité d’enseignement c’est un professeur avec ses élèves. Toutefois, le Québec devrait pouvoir offrir de l’enseignement à distance.
«La pandémie actuelle nous la prouvé. Et si ce n’était pas pour cela, ce serait pour autre chose», observe-t-elle.
L’enseignement à distance est une alternative qui conviendrait à certains étudiants. La pandémie offrirait l’occasion de tester certaines formes.
«Il y a des choses qu’on avait envie de faire, mais on n’avait jamais pu les mettre en place. Le fait de se trouver dans l’urgence cela oblige à s’adapter», relève Julie Bouchard, doctorante en Sciences de l’éducation à l’Université de Montréal.
Elle suppose qu’il va y avoir des choses intéressantes qui sortiront de cette expérience.