Ahuntsic-Cartierville

Après 15 ans, une mosquée demande une autorisation pour la prière

Alors qu’une première demande controversée de changement de zonage pour une mosquée risque de se décider par référendum, une autre association musulmane d’Ahuntsic réclame un changement d’usage afin d’autoriser son propre lieu de culte. Une consultation publique à ce sujet est prévue le 1er février 2016.

La Fondation message de l’Islam possède un bâtiment de deux niveaux sur le boulevard Saint-Laurent, près de la rue Prieur. Elle bénéficie d’une exemption de taxes foncière et scolaire au titre d’organisme sans but lucratif.

Officiellement, la bâtisse a droit aux usages de garderie, d’école d’enseignement spécialisé et d’activités communautaires et socioculturelles. La prière n’est pas autorisée de plein droit dans le secteur où se trouve le bâtiment.

Or, comme le reconnaît l’arrondissement, le bâtiment sert de mosquée depuis 2001. «La pratique quotidienne de la prière [y] a toujours été exercée au même titre que les autres activités», indique l’administration locale dans un document consulté par TC Media.

Mais voilà qu’après 15 ans, deux inspecteurs se présentent à la Fondation message de l’Islam et réclament aux propriétaires de cesser de pratiquer des prières. «C’est la première fois qu’on nous demande une telle chose», raconte Recep Tankulu, un des administrateurs de l’édifice.

L’arrondissement Ahuntsic-Cartierville explique le défaut d’inspection par l’absence de plaintes ou de requêtes concernant l’usage des lieux. «Nos inspecteurs n’ont jamais eu de raisons de vérifier si des activités de culte s’y déroulaient, explique Marlène Ouellet, chargée de communication à l’arrondissement. Récemment un signalement à cet effet nous a été transmis. Nos inspecteurs ont, de ce fait, constaté qu’il s’agissait d’un lieu de culte et ont appliqué la réglementation.»

Se mettre en conformité
La demande vise l’ajout d’usage de lieu de culte et de salle de réunion. Le Comité consultatif d’urbanisme (CCU) recommande au conseil d’arrondissement d’accepter le projet tel que présenté par les demandeurs.

«Nous avons déposé un dossier complet et pour le moment les choses avancent normalement, indique M. Tankulu. Je ne pense pas qu’il y aura une opposition des voisins pour notre permis, les gens nous connaissent bien et savent très bien qui nous sommes.»

Recep Tankulu, un des administrateurs de la Fondation message de l’Islam ne comprend pas pourquoi on lui demande un permis de lieu de culte alors que sa mosquée est ouvertes depuis 15 ans. Photo: Amine Esseghir/TC Media

Un usage paisible
Les administrateurs de la mosquée ont apposé de grands panneaux à l’entrée du bâtiment invitant les usagers au respect du voisinage. M. Tankulu admet toutefois que l’on peut craindre une certaine affluence le vendredi. «La majorité des fidèles qui fréquentent la mosquée vivent ou travaillent dans le quartier et nous avons aussi des places de stationnement», relève-t-il.

Le CCU avait suggéré au préalable à la Fondation message de l’Islam de tenir un événement pour informer le voisinage de ses démarches pour légaliser sa qualité de mosquée.
Selon une publication sur le site Internet de la Fondation, un brunch a été organisé le 21 novembre auquel les résidents du quartier ont été conviés à venir apprécier café turc, baklavas et musique de ney (flute traditionnelle soufie). «Les gens ont beaucoup apprécié cet événement», souligne M. Tankulu.

C’est la deuxième requête du genre déposée à Ahuntsic en quelques mois. Les fidèles d’une petite mosquée située sur la rue Legendre Ouest avaient introduit une demande pour permettre l’usage d’un lieu de culte sur une zone qui ne le permet pas.

Malgré la réception favorable de la demande par le CCU et les élus de l’arrondissement, les demandeurs ont fait face à une vive opposition du voisinage. La tenue d’un référendum pour autoriser ce lieu de culte pourrait être décidée au début de l’année prochaine.

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