L’Arrondissement de Verdun permettra la démolition du bâtiment situé au 633, rue Strathmore et l’agrandissement de celui sis au 3493, rue de Verdun. Une cinquantaine de citoyens s’opposent à ce projet immobilier, soutenant que celui-ci entraînera une dégradation de la qualité de vie des résidents et des problèmes de densité.
«Le garage sur Strathmore va devenir un trois étages, ça va complètement bloquer le soleil et déjà on a seulement deux heures d’ensoleillement [par jour]. La vue aussi va être affectée. Sur [la rue] de Verdun, il va y avoir 12 logements qui sont censés être familiaux, donc problèmes de densité, de bruit et de stationnement», indique Jordan Plenzich, qui habite à proximité.
En effet, ce projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) permet de déroger à certaines dispositions du règlement de zonage, notamment celles relatives au nombre maximal de logements et de places de stationnement.
Bien que 50 signatures de citoyens s’opposant au projet aient été recueillies le 21 septembre, le développement immobilier ira de l’avant d’ici les 24 prochains mois.
C’est que 63 signatures étaient nécessaires pour le contester officiellement et engendrer la tenue d’un référendum.
«Il y a 50 personnes qui ont pris le temps de se déplacer cette journée-là à la mairie pour s’y opposer, je pense que ça veut dire quelque chose», explique la Verdunoise Juliette Jarvis.
Pour contester formellement le développement, les citoyens de la zone H02-08 devaient voter à la mairie d’arrondissement le 21 septembre entre 9h et 19h. Une plage horaire trop contraignante, estime Juliette Jarvis.
«Si on avait pu prendre les signatures des personnes sondées sur place, je suis sûre qu’on en aurait recueilli au moins 140. Mais ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre d’aller voter durant le jour, il y a des enjeux de mobilité réduite aussi. Je sais que l’Arrondissement a procédé de manière légale, mais ces lois sont archaïques», poursuit Mme Jarvis.
On ne veut pas nécessairement qu’il n’y ait pas d’immeubles construits à cet endroit, on veut simplement un dialogue entre l’Arrondissement et les citoyens.
Juliette Jarvis, Verdunoise
Pour Nicholas Harvest, ce projet représente un symptôme de l’embourgeoisement du secteur.
«C’est triste quand même. La voix de 50 citoyens vaut moins que celle d’un promoteur privé», mentionne celui qui siège au conseil d’administration du Comité d’action des citoyens de Verdun (CACV).
«Le changement démographique à Verdun est poussé par la machine spéculative. On nous dit toujours qu’il n’y a pas de terrains pour du logement social, mais quand on l’a, on donne le projet au privé. L’Arrondissement n’aura aucun contrôle sur le prix des loyers», poursuit-il.
Je pense qu’à Verdun, ce qui se passe, c’est une purge sociale. On dirait qu’on est rendu un lieu touristique.
Nicholas Harvest, Verdunois et membre du conseil d’administration du Comité d’action des citoyens de Verdun
Les futurs logements devront être locatifs, familiaux et certains seront universellement accessibles.
«Le problème, c’est qu’il n’y a aucune obligation pour le développeur de louer à des familles ou à des personnes à mobilité réduite. Il n’y a aucune garantie […] On ne veut pas que Verdun devienne un quartier avec exclusivement des condos», ajoute Juliette Jarvis.
«Dans les règles de l’art»
L’Arrondissement de Verdun soutient avoir agi de manière tout à fait transparente et légale dans le dossier de ce projet immobilier.
«Le projet est en marche publiquement depuis le 3 mai dernier. L’Arrondissement a fait les choses dans les règles de l’art. Dès le 10 mai, un panneau d’information a été installé sur le site. Par ailleurs, il s’agit d’un projet privé et le terrain n’appartenait pas à la Ville», peut-on lire dans le courriel reçu par Métro.
L’Arrondissement a également indiqué que le promoteur immobilier s’était assujetti au Règlement visant à améliorer l’offre en matière de logement social, abordable et familial via une contribution financière.
«Avec l’étude d’ensoleillement, l’impact est jugé raisonnable», avait par ailleurs indiqué la mairesse Marie-Andrée Mauger au conseil d’arrondissement du 28 juin, en réponse à une question de la citoyenne Juliette Jarvis.
«Ce n’est pas unanime, mais à la majorité, le conseil est en faveur de ce projet-là», avait poursuivi la mairesse. En effet, les conseillers Sterling Downey et Céline-Audrey Beauregard avaient voté contre la tenue du projet.
Chronologie des événements
3 mai: un premier projet de résolution est adopté.
10 mai: un avis public annonçant la tenue d’une assemblée publique de consultation est donné.
17 mai: l’assemblée publique est tenue. La procédure d’approbation référendaire est expliquée.
28 juin: un second projet de résolution est adopté.
15 août: un avis public est transmis.
Du 15 au 23 août: période d’ouverture d’un registre.
6 septembre: la résolution finale est adoptée.
21 septembre: 63 signatures nécessaires pour exiger un référendum sur le projet. 50 signatures sont finalement recueillies.