Un règlement pourrait instaurer des tarifs de 10$ pour les résidents et de 25$ pour les non-résidents pour l’utilisation de tables de pique-nique dans certains parcs de Dorval. Ce nouveau système de réservation onéreux pourrait avoir des incidences sur l’embourgeoisement des espaces publics extérieurs.
Les parcs Pine Beach et Walters étaient trop fréquentés par des gens provenant de l’extérieur de la Cité, se seraient plaints plusieurs résidents de Dorval.
«Notre objectif est de répondre à ces plaintes en priorisant les installations de nos parcs à nos citoyens. On veut éviter les gens qui s’installent du matin au soir et empêchent les autres d’en profiter», justifie le responsable aux communications de la municipalité, Sébastien Gauthier.
Les résidents pourraient réserver une table dans l’un de ces deux parcs pour une durée de quatre heures. Le pavillon du parc Pine Beach pourrait également faire l’objet de réservation moyennant des frais de 88$. Les détails du fonctionnement du système de réservation restent à être déterminés.
«Il faut comprendre que ça n’obligerait pas les gens à réserver. Ça va rester du “premier arrivé premier servi”, mais ceux qui auront une réservation auront priorité», explique M. Gauthier.
La Cité a déjà prévu engager un moniteur de parc et un agent de sécurité afin d’assurer la gestion des «frustrations» potentielles, précise-t-il.
Risque d’embourgeoisement
Durant la pandémie, les parcs ont pris une importance particulière chez les résidents. Ils sont l’un des derniers endroits où ils peuvent être à l’extérieur dans le respect des règles sanitaires.
«On sait que l’utilisation des parcs favorise l’activité physique et les interactions sociales. L’exposition à la nature a aussi des biens faits sur le bien-être et la santé mentale», explique le professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Yan Kestens.
«Je crois qu’il faut inverser la logique. S’il y a trop de gens qui fréquentent les parcs, c’est parce qu’il y a un manque d’espace pour qu’ils puissent aller à l’extérieur.» Yan Kestens
Ajouter une barrière monétaire à l’utilisation de ces espaces publics pourrait avoir des effets néfastes sur les familles à faible revenu.
«On sait que les populations défavorisées ont souffert de manière disproportionnée des effets de la crise sanitaire. L’accès aux parcs est particulièrement important pour ceux qui ont des mauvaises conditions de logement», soutient le professeur.
Si le problème est l’achalandage des espaces verts, il est difficile de concevoir que la solution est de restreindre leur accès par divers mécanismes, ajoute-t-il.
La tarification inciterait les résidents à respecter leur réservation, selon l’argumentaire de la Cité.
«La crainte est que les gens décident de ne pas utiliser une table qu’ils auraient réservée. Cependant, si les gens payent pour une réservation, ils seront moins tentés d’abandonner une installation qui aurait pu servir à une autre famille», argumente M. Gauthier.
Les élus de la Cité vont voter sur l’adoption de cette mesure à la prochaine séance du conseil de la Cité, le 17 mai.
Ils ont dit
«C’est tellement désolant.» -Suzanne S
«Je trouve ce projet ridicule. Au lieu, pourquoi ne pas ajouter des tables, ou simplement des bancs ?» -Charles O
«La seule chose que ça va accomplir est d’empêcher les familles à faible revenu de profiter de nos parcs.» -Amelie L
«Ajoutons des tables, laissez le monde vivre un peu. Belle initiative pour creuser l’écart entre les riches et les pauvres.» -Julie G
«Si le projet était vraiment au service de la population, ils l’auraient laissé comme c’était.» -Adam J