À table

L’homme qui fait pousser des arachides… à Montréal

Dans l’est de la ville, dans un jardin de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, poussent des plants d’arachides, d’okra, de kinkeliba, d’hibiscus, de moringa ou encore des baobabs.

Bien qu’inconnus de la majorité des Montréalais, certains de ces végétaux étaient consommés par bon nombre de nouveaux arrivants dans leur pays de naissance. Et grâce à l’horticulteur Hamidou Abdoulaye Maïga, ces derniers peuvent désormais retrouver les goûts si caractéristiques de leur culture. Après plusieurs années d’expérimentation, M. Maïga a démarré l’entreprise Hamidou Horticulture et propose quelque 70 variétés de fruits et légumes exotiques ou anciens, issus des cultivars les mieux adaptés à la courte saison estivale montréalaise.

Par exemple, pour l’arachide, il a «sélectionné une variété hâtive, qui permettra de récolter les premières arachides un mois après la plantation, plutôt qu’à la toute fin de la saison».

Le Nigérien d’origine, qui vend ces végétaux sous forme de plants, souhaite ainsi diversifier un peu la composition des jardins montréalais et faire découvrir ces végétaux à ses concitoyens. Et la réaction a été très positive, au dire du principal intéressé. «J’ai été surpris de constater que beaucoup de mes clients sont des Québécois, relate-t-il après avoir transporté ses plants d’un marché à un autre au cours des dernières semaines. Les populations immigrantes reconnaissent les produits et posent beaucoup de questions; ils veulent montrer à leurs enfants ce qu’ils mangeaient étant jeunes.»

C’est justement ce qui a motivé M. Maïga à commencer à cultiver ces légumes. «Quand je suis arrivé, j’ai voulu faire des plats nigériens à mes filles pour leur montrer quelle était leur culture. J’ai cherché des légumes que je connaissais; je n’en ai pas trouvé, à part dans certaines épiceries africaines, séchés ou en conserve, explique le père de 42 ans. Aujourd’hui, mes enfants sont avec moi dans les marchés et connaissent l’okra, le baobab… C’est important pour éviter qu’elles perdent leurs racines.»

«La difficulté en ville, c’est d’accéder à des terres. J’ai contourné ce problème en me rapprochant du réseau en agriculture urbaine et en créant des partenariats avec des organismes qui, contre des services, me permettent d’utiliser leur espace.» –Hamidou Abdoulaye Maïga, qui a conclu un partenariat avec l’organisme Paysage solidaire.

De la comptabilité à l’horticulture
Bien qu’il ait pratiqué l’agriculture au Niger sur les terres familiales, c’est avec un diplôme en comptabilité en poche qu’est arrivé l’homme en 2008. Après des recherches d’emploi infructueuses, ne réussissant pas à faire reconnaître son diplôme, il décide de faire complètement autre chose. Il choisit l’horticulture et passe trois ans à faire l’aller-retour entre Montréal et Saint-Hyacinthe, où il étudie à l’Institut de technologie agroalimentaire. Dès sa première année de formation, il commence à tester certains cultivars de fruits et légumes exotiques. Certains d’entre eux se trouvent sur ses étals aujourd’hui.

«Quand j’essaie de nouvelles variétés, je ne les vends pas dès la première année, précise le technologue en production horticole. Comme ça, je peux vérifier le caractère annuel des légumes et voir comment ils se comportent.»

Le nouvel entrepreneur, qui fait aussi de la consultation en agriculture urbaine, a plein de projets dans ses cartons, dont la production de semences exotiques, qui devrait se réaliser d’ici l’an prochain. En attendant, ce jardinier passionné sera au kiosque maraîcher du métro Cadillac, quelques jours par semaine durant le mois de juin, pour vendre et faire connaître ses plants aux Montréalais.

Deux plantes pour s’initier

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