Le projet de loi C-21, déposé aux Communes le 16 février pour contrôler et enrayer la violence par armes à feu, est critiqué de tous les côtés. D’une part, le projet permet aux propriétaires de conserver leurs armes d’assaut. D’autre part, Ottawa refuse de bannir totalement les armes de poings en reléguant la responsabilité aux villes. Élu dans un secteur particulièrement frappé par le regain de violence, Emmanuel Dubourg défend l’initiative de son gouvernement pour le contrôle des armes.
Malgré une opposition «unanime» des municipalités du Québec, le député libéral de Bourassa croit que les villes sont actuellement bien outillées pour prendre cette responsabilité en charge.
Pouvez-vous expliquer de quelle manière ce projet aurait un impact sur l’escalade de la violence dans votre comté?
Je pense que les objectifs de ce projet de loi arrivent à point étant donné la situation qu’on vit actuellement à Montréal-Nord. Au cours des six derniers mois, on a eu facilement sept incidents impliquant des coups de feu. Ça touche aussi bien les jeunes que les familles; il y a une inquiétude qui est palpable depuis ce temps, et pendant la pandémie, ça vient accentuer tout ça.
Dorénavant, les propriétaires qui ont acheté légalement des armes à feu ne pourront plus les transporter, les vendre, les donner ou s’en faire venir.
On s’est dit qu’étant donné que ces personnes ne pourront plus rien faire avec leurs armes, ils vont accepter une compensation financière pour se débarrasser de celles-ci.
Il y a eu un certain nombre d’incidents partout au pays, et c’était une de nos promesses électorales de protéger les Canadiens. Nous allons prendre des mesures pour éviter des situations comme à la polytechnique.
Pourquoi laisser le pouvoir d’application aux villes plutôt que de bannir totalement les armes de poings comme le voudrait le mairesse Valérie Plante?
On donne le pouvoir aux municipalités étant donné la proximité qu’elles ont avec leurs citoyens. On va examiner les amendements que les autres partis auront à proposer. Le projet de loi pourrait en être amélioré.
Aussi, on va financer les municipalités. On a fait par exemple un énoncé économique en 2020 de 250 millions de dollars sur 5 ans pour soutenir les programmes de lutte contre les gangs de rue et soutenir les jeunes en général. On prévoit un financement important pour les provinces afin de combattre la violence aux armes à feu.
Vous intentez instaurer un programme de rachat d’armes d’assaut, pourquoi ne pas rendre celui-ci obligatoire?
Ce sont des éléments pour lesquels le ministre de la Sécurité publique ainsi que le secrétaire parlementaire ont fait énormément de consultations.
Avec ce projet, s’il y a des parents ou des proches qui sont inquiets parce qu’ils voient des armes dans leur entourage, alors ils peuvent demander qu’on les saisisse ces armes-là, ils peuvent aviser la police pour examiner le permis de possession des propriétaires. Ça va permettre aux policiers de prendre action rapidement.
Les criminels se passent bien de la réglementation, une saisie obligatoire des armes d’assaut ne pourrait-elle pas contribuer à sécuriser la population?
Je comprends, mais le risque zéro n’existe pas. On prend le maximum de mesures possibles pour empêcher que ça arrive. On sait qu’à Montréal, ces armes-là circulent. On a commencé en 2019 à prendre des mesures par rapport à ça. Le projet C-21 est une deuxième étape.
Je suis parent et ces situations avec des armes à feu sont inacceptables. Au niveau des frontières avec les États-Unis, des mesures vont être financées adéquatement pour éviter que des armes arrivent au pays.
Au-delà du projet de loi C-21, quelles actions peuvent être prises pour arrêter rapidement la flambée de violence à Montréal-Nord?
Le contexte qu’on vit depuis juillet à Montréal-Nord, j’en ai fait part non seulement au ministre de la Sécurité publique à Ottawa, mais également au secrétaire parlementaire et au caucus pour les alerter. Une femme atteinte par des projectiles, des coups de feu en plein jour aux abords d’une école, ça nous préoccupe beaucoup.
Nous avons également formé un groupe d’élus avec la ministre Mme Chantal Rouleau, la mairesse d’arrondissement Christine Black, Paule Robitaille et moi-même. Nous nous réunissons aux deux semaines et regardons l’aspect sécurité, l’aspect des jeunes, l’aspect économique, l’aspect du logement et tout ce qui peut contribuer à ce climat-là très difficile.
Les organismes communautaires de Montréal-Nord décrient leur manque de ressources, ont-ils leur rôle à jouer dans la sécurité du quartier?
On est en contact très serré avec les organismes communautaires de façon à aller chercher le maximum de ressources. Ceux-ci ont besoin d’aide et ils sont sur le terrain alors ils sont encore plus proches des problématiques, on doit les outiller.
Dans le comté de Bourassa, on a fait de nombreux investissements, notamment avec des organismes comme Hoodstock, RIIOH (regroupement des intervenants et intervenantes d’origine haïtienne). Je m’attends à ce que bientôt il y ait des fonds additionnels qui soient consacrés aux organismes communautaires.