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Des mamans lancent un cri du cœur pour un quartier sécuritaire

Nawel Loubazid et El Yacout Kourat Photo: Olivier Faucher - Métro Média

Un sentiment d’insécurité élevée habite des résidents du secteur nord-est de Montréal-Nord, à la suite des événements violents qui ont causé la mort d’Abderrahmane Hadj-Ahmed et fait quatre autres blessés. Des citoyennes encore sous le choc lancent un cri du cœur pour établir une fois pour toutes la paix dans le quartier.

« Au nom des mamans qui ont peur pour leurs enfants, on veut un changement dans le quartier et de l’aide, lance El Yacout Choukrat, mère d’enfants de 11 et 14 ans. Mes enfants passent dans la rue, vont à l’école et vont à la Maison culturelle et communautaire. Moi, je ne veux pas qu’un de mes enfants prenne une balle perdue », poursuit-elle.

Avec elle, Nawel Loubazid, qui habite dans le quartier depuis 2015, songe déjà à déménager. « Si ça reste comme ça, on ne peut pas rester, dit-elle. Ça fait peur. »

Non seulement est-elle d’avis que la sécurité de ses enfants à court terme n’est pas garantie, elle craint aussi que le milieu ne les influence négativement à l’avenir. « Ces jeunes sont abandonnés et rejetés par la société, dit-elle. On voit la présence des policiers, mais on veut avoir plus d’intervenants et d’activités sportives pour aider ces gens qui sont dans la rue. »

« Cet événement nous a choquées, exprime El Yacout Kourat. C’est très douloureux et très triste de perdre un enfant de 23 ans. On ne veut pas perdre nos enfants. »

Nawel Loubazid et El Yacout Kourat ont été rencontrées par le Guide avec d’autres mères qui ont préféré taire leur nom. Elles disent représenter une vingtaine de mamans qui se sont rencontrées pour échanger sur la situation.

Des coups de feu en fin d’après-midi

Le 25 octobre, des événements violents ont eu lieu dès 16h20, précisément au même coin de rue qu’où plusieurs ont été atteint par balle plus tard dans la soirée. Une bagarre aurait éclaté à l’intersection des rues Pierre et Matte avant que des coups de feu ne soient tirés dans les airs. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) tente de confirmer le lien entre cet incident et ceux survenus après le coucher du soleil.

L’inspecteur du Poste de quartier 39, Miguël Alston, dit être préoccupé par l’heure à laquelle ces coups de feu ont été tirés. « Il y a encore plus de personnes à l’extérieur [à cette heure], il peut y avoir des élèves qui sortent des écoles, indique-t-il. On n’acceptera jamais que nos citoyens soient mis en danger de cette façon-là ». Il précise qu’il est « très rare » que de tels crimes soient commis aussi tôt.

La conseillère d’arrondissement du district d’Ovide-Clermont, Renée-Chantal Belinga, pense toutefois que la solution à cette insécurité ne passera uniquement pas par la répression policière. « On entend beaucoup qu’il faut axer sur l’intervention par des travailleurs sociaux en plus grand nombre et de la thérapie sociale », dit-elle après avoir consulté la communauté.

Elle a parlé au jeune homme juste avant sa mort

Michèle Coutu

Michèle Coutu, une citoyenne connue pour sa participation à la vie communautaire, connaissait Abderrahmane Hadj-Ahmed, qui a péri à 23 ans après avoir été atteint par balle le soir du 25 octobre. Elle affirme même lui avoir parlé une heure avant sa mort, alors qu’il était de passage au local de l’incubateur d’initiatives citoyennes, au coin des rues Pascal et Lapierre. « On lui a demandé s’il voulait jouer avec nous au scrabble et il n’a pas voulu. Il m’a dit que pour être bonne en français [en jouant au Scrabble], je devais lire beaucoup. Il était intéressé à moi m’a demandé si j’avais lu des biographies », raconte-t-elle.

Mme Coutu a reconnu le jeune homme, car ce dernier venait souvent au local, Il lui avait déjà parlé de son rêve de vie qui ne s’était pas réalisé. « Il m’a dit qu’il aurait aimé ça faire des études et être avocat, mais qu’on lui avait refusé des prêts et bourses », dit-elle, retenant ses larmes.

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