Aux abords des écoles, le long des rues résidentielles et à proximité des commerces, les masques de protection jetables jonchent les rues en grand nombre. Alors que l’exaspération citoyenne s’intensifie, des organismes locaux tentent tant bien que mal de mettre l’épaule à la roue pour nettoyer le quartier, un coup de balai à la fois.
Concierge pour le Centre de service scolaire de Montréal (CSSDM), Sylvain Gendron habite Montréal-Nord depuis 45 ans. Sur l’avenue de Rome où il réside, l’accumulation de masques jetables est particulièrement inquiétante devant l’école René-Guenette. L’arrondissement n’est jamais apparu aussi malpropre qu’actuellement à ses yeux.
«Ça n’a pas d’allure, je n’en reviens pas. Je travaille à Rosemont et c’est propre, propre, mais ici, c’est juste du bleu au sol. Le soir, c’est plein de ratons laveurs et de moufettes. C’est des corvées d’école et plus de nettoyages que ça prendrait», plaint-il.
L’état des rues et des parcs laisse à désirer dans de nombreux secteurs où Métro s’est rendu, particulièrement près des écoles secondaires. D’un bout à l’autre de l’arrondissement, l’accumulation des masques s’ajoute aux déchets qui étaient enfouis sous la neige.
Corvées
Sur l’avenue Lapierre, Nadège est toutefois un peu plus optimiste. Dans le quadrilatère où elle habite, une quinzaine de volontaires armés de balais et de ramasse-déchets nettoient les rues en ce samedi matin ensoleillé.
«C’est désagréable la saleté partout, on doit en faire plus, car c’est un problème. Une initiative comme celle-ci, ça fait du bien», affirme-t-elle poussette à la main.
Le vendredi 9 et samedi 10 avril dernier, des intervenants de Paroles d’excluEs, de la Coop de solidarité Éconord et de Racine Montréal-Nord se sont mobilisés aux alentours des rues Lapierre et Pelletier afin d’effectuer un «grand ménage du printemps». Pour l’occasion, la mairesse suppléante Chantal Rossi est venue prêter main-forte sur les lieux.
Au rythme des tambours haïtiens, ils ont rempli des dizaines de gros sacs d’ordures. Quelques citoyens comme Mada Aicha étaient de la partie.
«Si tout le monde met la main à la pâte, on va s’en sortir», lance-t-elle.
Un peu plus loin, Karine Pleau entame le remplissage de son deuxième sac de détritus.
«Au coin de Jubinville et Pascale, j’en ai compté sept masques à terre. Les rues ont besoin de ça, c’est une petite chose qu’on peut faire pour vivre dans un quartier propre», souligne la maman à la maison.
Depuis la mi-mars, le ménage dans les parcs de l’arrondissement est débuté. Le ménage des rues et des trottoirs à Montréal-Nord a pour sa part été mis en branle le 25 mars. L’arrondissement invite les citoyens à surveiller la signalisation et à faire leur part dans cet «effort collectif» qui devrait s’étirer sur 5-6 semaines.
«Il faut que les gens vérifient la signalisation pour laisser passer les camions. Si chacun fait juste son petit bout de rue, l’arrondissement serait impeccable. C’est une question de civisme», affirme Chantal Rossi.