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«Matière infinie»: transformer le plastique, nourrir la réflexion

L'exposition est présentée jusqu'au 28 mai au café-buvette Brouillon situé sur la Plaza Saint-Hubert. Photo: Gracieuseté, TUX Karma

Rien ne se perd, tout se crée et se transforme. Ce pourrait être la devise du studio Ascètes, qui présente en ce moment, en collaboration avec la compagnie créative TUX Karma, l’exposition Matière infinie au café-buvette Brouillon

Cette matière «infinie», qu’on sait si lente à se décomposer et qu’on produit pourtant en quantités phénoménales, c’est évidemment le plastique. Plutôt que de le voir comme un déchet voué à finir au dépotoir, le collectif d’artistes a choisi de considérer le plastique simplement pour ce qu’il est, un matériau, et d’en explorer les possibilités créatives. 

L’exposition située dans une arrière-salle du chaleureux café-buvette Brouillon, sur la Plaza Saint-Hubert, présente ainsi la démarche du collectif à travers un manifeste sous forme d’affiche et d’une courte vidéo. Mais on y retrouve surtout plusieurs créations du studio Ascètes: trois tables, chacune éclairée d’un luminaire et entourée de deux assises, composent trois tableaux, comme les trois âges de la vie. 

Avec son style propre, chaque tableau – dont les pièces sont entièrement faites de plastique recyclé – donne un aperçu des textures et des formes que peut offrir cette matière. Dans le premier, on retrouve des formes arrondies et cylindriques, et un plastique blanc n’est pas sans rappeler la pierre ou le terrazzo. Tandis que le second tableau tout en lignes droites met en scène une table d’échecs et des fauteuils orange (couleur des bouteilles de détergent d’une certaine marque de lessive), le troisième, entièrement noir, laisse s’exprimer des formes enchevêtrées plus organiques. 

Un laboratoire créatif

Plutôt que de se montrer moralisateur ou de présenter ses œuvres comme une solution miracle au problème des déchets plastiques, le collectif fait des propositions, explore, expérimente. 

«On ne prétend pas avoir trouvé une solution, mais on voit plutôt ça comme un point de départ, le point de départ d’une réflexion», explique Olivier Bonnard, artiste multidisciplinaire et cofondateur du studio Ascètes. 

L’approche est même ludique et l’art n’est pas sacralisé puisqu’on est invité à toucher les œuvres, à s’asseoir autour des tables. Pour permettre aux visiteur.euse.s de mieux appréhender le processus de transformation du plastique dans son ensemble, l’une des machines fabriquées par le studio est aussi exposée. 

Utilisée pour extruder le plastique, cette drôle de machine est elle-même faite de matériaux récupérés (un vieux tapis de course électrique notamment), une création de l’artiste Olivier Heaps-Drolet. «Notre atelier, c’est vraiment un laboratoire, explique ce dernier. Dans l’industrie, les plastiques sont pensés pour avoir certaines caractéristiques et on essaie d’en tirer avantage en les transformant.» 

Parce que oui, pour réutiliser le plastique, ici les artistes font tout de A à Z, de la récolte des contenants jusqu’au déchiquetage en tout petits bouts de plastique qui seront ensuite fondus et retravaillés.

Matière à savourer

Pour compléter l’expérience, ou lui répondre en écho, la cheffe et le mixologue du Brouillon, Céline Diallo et Kévin Long, ont créé un menu et un cocktail spécialement pour l’occasion, inspirés eux aussi par le thème de la matière. Ce volet gastronomique inattendu s’inscrit dans la volonté de TUX Karma de «briser les murs entre les communautés créatrices», comme le souligne Sarah Patier, lead développement et opérations au sein de la compagnie créative. 

Parfaitement équilibré, le cocktail, à base de mezcal, de gin au concombre et de lime, est servi avec une tuile de riz croustillante sur laquelle reposent des billes qui explosent en bouche et nous donnent un avant-goût du cocktail. On peut ensuite se laisser tenter par trois plats tout en jeux de textures et de saveurs. Inspirée par la démarche des artistes, la cheffe a elle aussi voulu donner de la noblesse à des aliments moins souvent sublimés.

On retrouve ainsi un œuf cuit à basse température, présenté sur une crème d’épinards et accompagné d’œufs de poisson et d’une écume de champignons, un pavé de carottes et sa crème de céleri, recouvert d’une chips de feuille de riz (notre coup de cœur), ou un sponge cake de betterave servi avec une ricotta au miel, assaisonné de pollen, de sarrasin et de pousses de shiso.

Proposés en plus du menu habituel, les trois plats et le cocktail sauront sans doute piquer la curiosité des gourmands et leur donner envie de visiter l’expo.

Matière infinie est présentée du 10 au 28 mai, au Brouillon café-buvette, 6580-A, rue Saint-Hubert.

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