Avec leurs couleurs vives, il est impossible de passer à côté des œuvres de l’artiste visuel Oli Sorenson. Dans sa dernière exposition Panorama de l’anthropocène, qui se déroule jusqu’au 21 novembre à la Maison de la culture de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, il explore les thèmes reliés à l’activité humaine, qui tournent autour de l’industrie et les nouvelles technologies.
Industrie humaine
Les murs de la Maison de la culture de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce sont habillés d’imageries à première vue déstabilisantes. Si, de loin, l’aspect géométrique des scènes représentées nous donne l’impression d’être devant des œuvres presque abstraites, c’est en se rapprochant qu’on en comprend le sujet. On perçoit alors un téléphone cellulaire, un ordinateur, un cargo ou encore une usine.
L’exposition d’Oli Sorenson est divisée en quatre parties : les industries lourdes, l’agriculture, le numérique et l’environnement bâti.
La première catégorie montre des usines et des mines. En représentant les fumées qu’elles dégagent ainsi que les déchets qu’elles produisent, l’artiste a mis de l’avant la pollution émise par cette industrie.
Dans la partie agriculture, les grandes exploitations agricoles et animalières sont les sujets principaux. Le tableau qui, selon Oli Sorenson, a le plus marqué les esprits représente un abattoir de poulets. Ces derniers, accrochés la tête en bas, se font découper à la chaîne.
Le minimalisme des œuvres fait toutefois en sorte que le tableau ne verse pas dans le gore.
Dans la section numérique, on retrouve tous les éléments technologiques de notre quotidien. Ce secteur est marqué par l’obsolescence programmée et l’incessant désir de nouveauté. Pourtant, dans les œuvres d’Oli Sorenson, les écrans d’ordinateur sont vides, les onglets Internet aussi. Mais il y a des câbles, beaucoup de câbles.
Enfin, la dernière catégorie, celle de l’environnement bâti, marque par l’accumulation et la superposition qu’on y trouve. Cette section aborde des détails architecturaux : un mur en brique, une station d’essence, un cargo ou une caméra de surveillance.
Quand on regarde l’ensemble de l’exposition, on observe une grande partie de l’activité humaine. «L’anthropocène, c’est un terme qui exprime l’idée que l’on ne peut plus prendre ces secteurs d’activité de manière isolée […]C’est leur combinaison qui fait qu’il y a un certain état d’urgence qu’on vit présentement», explique Oli Sorenson.
Inspirations et géométrie
Le parcours artistique d’Oli Sorenson tourne autour de la notion de l’appropriation artistique. À l’instar d’un disc-jockey (DJ) qui remixe des morceaux populaires, l’artiste reprend des œuvres artistiques célèbres. Pour plusieurs projets, il a détourné des œuvres d’artistes connus, tels que Lucio Fontana, qui tranchait ses toiles, ou l’artiste Daniel Buren, qui joue avec les lignes dans ses installations. Souvent, le travail d’Oli Sorenson se sert du numérique dans ses appropriations.
Dans cette exposition, l’artiste a repris le style de Peter Helley, qui peignait et assemblait des formes géométriques. Mais à la différence d’Oli Sorenson, ses œuvres étaient plus abstraites que figuratives.
L’exposition comporte aussi une vidéo qui met en mouvement les œuvres de l’artiste. Les formes géométriques rappellent cette fois l’esthétique des jeux vidéo des années 1980. Face à cette vidéo, on est presque hypnotisé par ce qui se déroule devant nos yeux malgré l’aspect dystopique de certaines scènes. L’effet hypnotique peut s’expliquer par le rythme et la répétition des images, comme celle d’une usine qui lâche régulièrement des jets de fumées. «La répétition est une partie intégrante de la société de consommation et de la production en masse», soutient Oli Sorenson.
Ne nous étonnons pas alors de sortir de cette exposition la tête pleine de réflexion au sujet des conséquences de l’industrie et de la technologie sur notre chère planète.