Une compagnie basée à Saint-Laurent, du nom de Stratuscent, commercialise un appareil pouvant estimer les risques de propagation de la COVID-19 dans des espaces intérieurs. Sous la marque «NOZE», il est conçu comme outil de surveillance de la qualité de l’air.
Le dispositif intelligent est optimisé pour des locaux de petites à moyenne taille, tels des salons, des cliniques ou des salles de classe. Il fonctionne en tandem avec une application mobile gratuite et requiert une connexion internet.
Le programme présente un index de risque viral, sur une échelle de 1 à 10. Les paliers de 1 à 8 indiquent une probabilité accrue de transmission du virus si présent. Les niveaux 9 et 10 alertent que l’agent pathogène circule dans l’air.
L’invention utilise aussi un barème pour les risques de moisissure. Il mesure de plus les concentrations de différents composants polluants, tels le dioxyde de carbone et l’ammoniac. Il signale si les quantités sont saines, élevées ou dangereuses. L’application offre des pistes pour y remédier.
Odeur binaire
Stratuscent œuvre dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la conception du «nez électronique». Son objectif est de développer des solutions pour numériser l’odorat.
Le senseur de l’instrument est une réitération d’une technologie de la NASA. L’agence américaine l’utilise dans la Station spatiale internationale pour analyser le contenu de l’air et détecter les fuites de gaz.
À sa fondation en 2016, l’entreprise en démarrage a acquis une licence exclusive de brevets auprès de l’agence scientifique. «Le premier capteur de la NASA avait la taille d’une boîte à chaussure», relate le directeur général de Stratuscent, Karim Aly.
«Stratuscent veut accomplir pour l’odorat ce que l’appareil photo a fait pour la vue et ce que le microphone a fait pour l’ouïe.»
Karim Aly
Sur une période de cinq ans, la PME montréalaise a effectué de la recherche et du développement, pour réduire les dimensions du senseur et en augmenter les capacités en y intégrant un système d’intelligence artificielle.
«L’odorat est un sens extrêmement complexe», exprime M. Aly. Tenter la numérisation requiert des expertises multiples collaborant étroitement. L’équipe comporte des ingénieurs informatiques, des spécialistes de mégadonnées et des chimistes.
Pour mener ses études, l’entreprise s’est installée dans l’Institut NÉOMED à Saint-Laurent. Les infrastructures appuient plusieurs PME du secteur pharmaceutique et biotechnologique.
Mesurer
Chaque seconde, le système de NOZE transmet à des serveurs de la compagnie un ensemble de signaux correspondant au contenu de l’air. Un programme d’intelligence artificielle analyse ensuite les données. Il envoie ensuite les résultats aux téléphones des usagers.
Lorsqu’une personne est contaminée, son corps émet une série de biomarqueurs selon la nature de la réponse immunitaire. Certains de ces biomarqueurs se retrouvent dans l’expiration, sous forme de composés organiques volatils (COV).
L’algorithme prend en compte la quantité de COV présents associés à une infection au coronavirus et à l’influenza. Il effectue aussi le calcul selon la densité de particules solides et liquides, la température, l’humidité et la concentration de dioxyde de carbone.
Le programme recevra des mises à jour pour actualiser sa base de données et ses capacités de détection de COV.
M. Aly appuie que la technologie de Stratuscent puisse servir d’autres objectifs, en plus de la surveillance de la qualité de l’air.
«L’on pourra estimer la fraîcheur des aliments pour prévenir leur détérioration, ou repérer des produits explosifs et narcotiques», illustre le directeur général.
Sans mentionner spécifiquement le Québec, M. Aly relate que NOZE a suscité l’intérêt de plusieurs instances publiques en Amérique du Nord, incluant des établissements scolaires.