Saint-Léonard

Coronavirus : Des commerçants chinois face à la crise

Le commerçant chinois Michael Tang.

D'origine chinoise, mais né au Québec, Michael Tang est maintenant gérant du marché Kei Phat.

La Chine ayant été le premier pays touché par la crise du coronavirus, de nombreuses personnes ont commencé à associer le virus à ses habitants et les stigmatisent. Sur la rue Jarry, des commerçants chinois déplorent la peur dont est victime leur communauté.

« C’est triste de voir cette stigmatisation. Ça prend du temps pour s’intégrer à la communauté canadienne, mais quand on voit ce genre de comportement, ça nous inquiète », confie Michael Tang, gérant du marché Kei Phat.

D’origine chinoise, mais né au Québec, il se sent davantage près de la culture d’ici que de celle de son pays d’origine. Ce qui ne l’empêche pas de percevoir cette peur qui s’attache à la communauté asiatique.

« Je ne me promène pas vraiment au centre-ville. Je reste plutôt dans le coin et j’évite de rentrer en contact avec le public pour avoir ce genre d’interaction négative », ajoute-t-il.

Arrivée au Québec à l’âge de 2 ans, il y a maintenant une quarantaine d’années, Jennifer Vong a grandi dans la municipalité de Mont-Saint-Hilaire. « On était la seule famille chinoise dans la région », se rappelle-t-elle.

Maintenant directrice du marché Kim Phat, également sur la rue Jarry, elle se désole également de cette stigmatisation. « Dans notre coin, il n’y a pas vraiment d’impact, remarque-t-elle. Mais chaque fois qu’il y arrive un événement, ça devient difficile pour la communauté. Par exemple, c’était le cas lors de la crise du SRAS. »

Un effet positif sur les affaires

Paradoxalement, les commerçants rencontrés soulignent que la crise actuelle a eu un effet plutôt positif sur leur chiffre d’affaires.

« Au tout début de la crise, les gens n’osaient plus venir dans les marchés asiatiques, mais depuis deux semaines, les gens stockent les denrées non périssables. Plutôt que d’acheter un sac de riz, ils vont en prendre cinq », donne en exemple Mme Vong.

Idem chez Kei Phat, où on observe actuellement une hausse des ventes, les clients accumulant les provisions. « Je prévois quand même une baisse dans les prochaines semaines, vu que les gens se préparent à hiverner », anticipe M. Tang.

Propriétaire de la rôtisserie chinoise Chiu Chow BBQ, mais lui-même d’origine vietnamienne, Phong remarque une légère baisse de sa clientèle. « On est dans une bien meilleure posture qu’au Quartier chinois, relativise-t-il. L’impact est moins pire qu’ailleurs. Les gens ont peur et veulent se faire des provisions. »

Observer les réactions

De nombreux commerçants chinois sont installés sur la rue Jarry, près de l’intersection avec le boulevard Provencher.

« J’avais été chez Jean-Coutu, et j’y ai eu une réaction allergique en raison de la poussière sur une tablette. En éternuant, j’ai fait fuir trois personnes qui étaient autour de moi », se rappelle en riant Mme Vong.

Néanmoins, elle souligne comprendre ce genre de réaction, et ne pas en vouloir à ces personnes, surtout vu la situation.

M. Tang se rappelle pour sa part d’un épisode qu’il a vécu dans le passé, avant la crise actuelle. « J’ai déjà dû porter le masque ici, et les gens se méfiaient et en avaient peur, se souvient-il. Je crois qu’il faut éviter de le porter si ce n’est pas nécessaire. Ça peut mener à davantage de stigmatisation. »

De son côté, M. Phong, à la rôtisserie chinoise, ne souhaite pas arrêter de vivre. « Nous n’avons pas peur, souligne-t-il. On ne veut avoir à fermer le commerce pour simplement rester à la maison à attendre à ne rien faire. »

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