Six ans après que l’Arrondissement se soit engagé à améliorer les liens cyclables avec les autres arrondissements, Saint-Léonard reste dépourvu d’infrastructures sécuritaires permettant aux cyclistes de sortir du quartier. Cette année, l’Arrondissement a présenté un nouveau plan de circulation. Les cyclistes paraissent, eux, désespérés.
«Comme il n’y a aucun aménagement cyclable, les cyclistes ne sont pas les bienvenus à Saint-Léonard», s’empresse de répondre Pierre Frisko lorsqu’on l’interroge sur la question de la pratique du vélo dans l’arrondissement. Ce dernier se rend à son travail, sur la rue Jean-Talon Est, depuis son domicile sur le Plateau Mont-Royal.
De son côté, Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo-Québec, pense que la demande pour le vélo est présente et rappelle qu’«aujourd’hui, il n’y a peut-être pas beaucoup de cyclistes à Saint-Léonard, mais que c’est principalement parce qu’il n’y a pas d’aménagements sécuritaires».
À propos des infrastructures, Pierre Frisko mentionne que l’arrondissement a dévoilé son plan local de déplacement en 2016. Il ajoute que «depuis qu’[il] travaille à Saint-Léonard, soit en 2017, [il n’a] vu aucun nouvel aménagement cyclable».
La Métropolitaine, un enjeu
La présence de l’autoroute Métropolitaine (A-40) coupe Saint-Léonard en deux. Le PDG de Vélo-Québec parle ainsi d’un arrondissement entouré de barrières pour les cyclistes et d’un besoin d’aménagements cyclistes pour franchir celles-ci.
Seulement quelques axes traversent cette autoroute majeure. Jean-François Rheault estime d’ailleurs que deux des trois axes permettant cette traversée, Langelier et Lacordaire, «sont des routes hostiles à la mobilité active».
M. Frisko partage ce constat. «Rouler sur Lacordaire, c’est à vos risques et périls, car il faut traverser des insertions et sorties de l’autoroute où rien n’indique aux automobilistes la présence de cyclistes», déplore-t-il.
Des cyclistes en danger
Vélo-Québec identifie deux conditions pour améliorer la sécurité des cyclistes et favoriser l’adoption du vélo comme moyen de transport dans Saint-Léonard: la réduction de la vitesse et l’implantation de pistes cyclables en site propre. Les boulevards Viau, Langelier et Lacordaire sont tous des axes sans voies cyclables séparées, et les voitures y roulent vite.
Pierre Frisko observe la présence de cet enjeu de sécurité, surtout pour des nouveaux cyclistes. Il note que «sur Jean-Talon et Lacordaire, il y a toujours des situations dangereuses avec des automobilistes qui passent trop près, qui font des U-turn, des autobus qui te frôlent et ensuite te coincent en entonnoir à un arrêt».
Un manque d’ambition politique?
Pour M. Frisko, qui pratique le vélo quotidiennement, il y a un manque de volonté politique dans ce dossier. «C’est comme si on était dans un no man’s land pour les cyclistes», dit-il. En regardant une carte de Montréal, les pistes cyclables des 33e, 34e et 36e Avenues s’arrêtent tout net là où Rosemont–La Petite-Patrie rencontre Saint-Léonard.
Pierre Frisko a également remarqué que sur les rues de Lisieux et Verdier, les bandes délimitant la piste cyclable ne sont jamais repeintes. Une photo transmise à Métro montre en effet que seule la zone d’emportiérage est peinte.
Si la piste cyclable était repeinte, il s’agirait de la seule reliant le secteur de la rue Jean-Talon Est au reste du réseau cyclable montréalais. En effet, les rues de Lisieux et Verdier se trouvent dans la continuité des pistes cyclables situées sur les 43e et 44e Avenues dans Rosemont.
L’Arrondissement a dévoilé un plan de circulation cet été qui ajoute des axes cyclables permettant de relier la totalité du quartier au réseau montréalais. Deux de ces axes se situent sur Langelier et Viau. La Ville-centre prévoit, quant à elle, de construire un réseau express vélo sur le boulevard Lacordaire.