Situé à l’angle des avenues Beaumont et De l’Épée, dans le quartier de Parc-Extension, le nouveau parc verdi Dickie-Moore accueillait entre autres ce matin la mairesse de la Ville de Montréal, Valérie Plante, et la mairesse de l’arrondissement, Laurence Lavigne-Lalonde, venues souligner l’inauguration de cette réalisation destinée à améliorer la qualité de vie de la communauté du quartier. Autre invité inattendu: le Comité d’action de Parc-Extension, qui croit plutôt que cette qualité de vie passe d’abord par les logements sociaux.
C’est au son de la musique de Frank Sinatra que Valérie Plante, Laurence Lavigne-Lalonde, des élus de l’arrondissement et l’équipe du Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal ont inauguré le nouveau parc Dickie-Moore, dont le coût de réalisation s’élève à 5,4 M$. Les proches de Richard «Dickie» Moore, joueur de hockey intronisé au Temple de la renommée, étaient également présents pour recevoir cet honneur.
Parc-Extension, «un nouveau poumon vert»
Peu de temps après avoir «testé» la glissade, du nouveau parc Dickie-Moore Valérie Plante s’est adressée à l’assistance, sous un soleil radieux.
«Se retrouver dans un nouveau parc, c’est toujours touchant. Ça fait partie de mes moments préférés parce qu’on sait que quand on inaugure un parc, on inaugure un espace de vie, un espace de rencontre, un espace de rassemblement, a déclaré la mairesse. Je suis très heureuse que ce soit ici, dans le district de Parc-Extension, un nouveau poumon vert.»
Quant au nom du parc, la mairesse de Montréal croit qu’il est «important de marquer le territoire du nom de celles et ceux qui l’ont influencé».
«On sait que Dickie Moore a habité dans le quartier. On sait à quel point il a inspiré, par sa carrière et ses accomplissements sportifs, tant de jeunes et de moins jeunes. Il a fait rayonner Montréal comme une ville de hockey.»
C’est un tel honneur. Je dois vous dire que quand il est décédé, j’ai donné son nom au soleil. Regardez là-haut, il brille. C’est sa journée, aujourd’hui. Je voudrais remercier la Ville de Montréal et tous ceux qui ont participé à la création de ce parc si spécial. S’il était là, il serait l’homme le plus heureux du monde.
Lianne Moore, fille de Dickie Moore
«Un oasis dans un quartier hautement densifié, hautement minéralisée»
Tout aussi enthousiaste, malgré l’attroupement soudain de protestataires du Comité d’action Parc-Extension, la mairesse d’arrondissement, Laurence Lavigne-Lalonde, a ensuite pris la parole et a réitéré la nécessité pour l’arrondissement d’avoir ce type d’espace vert en contexte de crise climatique.
«On entend beaucoup parler des îlots de chaleur et quand on regarde la carte des îlots, le district de Parc-Extension, tout comme celui de Saint-Michel, dans notre arrondissement, sont particulièrement rouges, chauds, par nos belles journées d’été. Il faut travailler collectivement à augmenter la canopée, offrir des espaces verts à la population. C’est une vraie bouffée de fraîcheur dans le quartier», a-t-elle souligné.
Un parc résilient
Selon l’Arrondissement, cette «oasis» de 4000 m2 a été réfléchie et aménagée selon «les meilleures pratiques d’aménagement écologique» et selon les besoins récréatifs des résidents du quartier, lesquels ont participé aux démarches de conception du parc.
La population pourra donc y retrouver un espace de détente verdoyant et une aire de jeu pour enfants, comprenant un parcours ludique en rondins, une glissade et des jets d’eau destinés tant à l’amusement qu’au rafraîchissement lors des journées chaudes d’été.
«Dès le début du projet, il y a eu une attention particulière qui a été consacrée aux arbres matures qui étaient présents sur le site, pour offrir un espace de fraîcheur aux citoyens dès l’ouverture du parc», a expliqué le Service de l’urbanisme et de la mobilité lors d’une entrevue avec Métro. Certains de ces arbres qui ont été abattus ont d’ailleurs été réutilisés pour la construction des modules de jeux, indique l’Arrondissement.
«Il y a un effort particulier qui a aussi été mené pour la gestion écologique des eaux de pluie en mutualisant les eaux pluviales de la rue vers le parc. Il y a tout un raccordement de réseaux qui est fait pour rediriger les eaux pluviales de la rue dans le parc via des bassins de rétention qui ont été aménagés. On est dans un concept de parc résilient qui permet de décharger les réseaux d’eau de la ville en période de forte pluie.»
Une attention spéciale a également été portée aux matériaux utilisés. «Pour l’aménagement de la rue de l’Épée, la fondation a été faite à partir de matériaux recyclés. On a aussi misé sur la réduction des espaces de minéralisation. On voit une majorité d’espaces verdis, mais aussi, au niveau des cheminements piétons, des matériaux comme la poussière de pierre qui permettent l’infiltration.»
«Ni condo ni bobo, on veut des logements sociaux»
Malgré les réjouissances, le Comité d’action de Parc-Extension n’a pas manqué de profiter de l’inauguration du parc Dickie-Moore pour soulever l’enjeu actuel d’embourgeoisement de l’arrondissement en scandant des slogans à l’attention des élus.
En effet, l’ouverture du campus MIL de l’Université de Montréal dans l’un des quartiers les plus pauvres à Montréal et au Canada a eu un impact soudain et notable sur le prix des loyers, accentuant davantage la pression sur les locataires à faibles revenus.
S’adressant aux manifestants, Laurence Lavigne-Lalonde s’est dit en accord avec leurs revendications et a fait part du sentiment d’impuissance partagé par les municipalités devant le manque de financement du gouvernement provincial.
«Ce n’est pas la simple responsabilité de la Ville de Montréal. Tout ce que vous dites, on est d’accord, mais il faut aller le crier aux oreilles de M. Legault. Nous, on le fait et vous devez le faire aussi parce qu’il y a 230 M$ pour la création de logements qui dort en ce moment entre Québec et Ottawa et ça, c’est absolument inacceptable. On veut cet argent ici», a-t-elle soutenu.
Questionnée quant au rôle des élus pour contrôler la hausse des prix des loyers, la mairesse Lavigne-Lalonde a souligné à Métro les efforts continus de l’Arrondissement, dans la limite de sa compétence.
«Parallèlement, nous, comme Ville et comme Arrondissement, on continue à faire tout ce qu’on peut en termes de changements réglementaires, d’acquisitions d’espaces, d’appuis aux groupes communautaires qui veulent développer du logement pour s’assurer que lorsque les sommes arriveront, tout sera prêt et on pourra déjà faire une première pelletée de terre et construire.»