Après la messe du dimanche 23 octobre, les fidèles de l’église Sainte-Cécile, située sur la rue De Castelnau Est, se sont réunis pour discuter de la situation de précarité de l’établissement et se prononcer sur la proposition d’un conseil de fabrique résigné: mettre la clé sous la porte.
«On n’a plus une cenne!» Voilà le constat qu’a répété le curé lors de l’assemblée.
Comme bien d’autres lieux de culte de la métropole, l’église Sainte-Cécile a subi les conséquences de l’abandon de la pratique religieuse par la population québécoise.
La façade s’effrite, le parvis est bloqué par des barbelés, la cloche de l’église ne sonne plus depuis quelques années à cause de l’instabilité du clocher… L’état de vétusté du bâtiment porte à croire que l’église sombrera elle aussi dans l’oubli.
Pourtant, une citoyenne engagée au sein du comité Sauvons Sainte-Cécile et membre de la coopérative de Castelnau-Casgrain, Lydia Tetyczka, a fait part à Métro de l’onde de choc ayant parcouru l’assemblée lorsque les marguillières ont déclaré «que l’église avait trop de dettes, que les travaux étaient trop considérables et que pour cela, on devait voter une décision de fermeture».
«C’est un fardeau qui semble durer depuis plusieurs années, mais dont on ne nous a jamais fait part», affirme Mme Tetyczka.
Cette dernière a demandé un moratoire de 15 jours pour permettre une mobilisation citoyenne et l’élaboration de solutions pour éviter la fermeture.
Une demande qui, selon ses dires, aurait «déstabilisé» le curé, qui aurait quitté la salle pour ensuite proposer sa démission au vicaire.
Le vote de fermeture de l’église Sainte-Cécile a tout de même été reporté au 6 novembre.
«On est au bout du rouleau»
Une marguillière de la fabrique a brossé à Métro un portrait critique de l’état de la paroisse, qu’elle qualifie de «faillite technique».
Elle a rapporté que dernièrement, le conseil de fabrique a dû faire le choix entre entreprendre les travaux de réparation de la façade ou bien se chauffer durant l’hiver.
«On chauffe au gaz et le coût a presque triplé depuis 2021. Il y a quelques jours, on a justement été obligé d’annuler des travaux pour sécuriser la façade sur la rue De Castelnau, qui s’élevaient à 86 000 $. On ne peut plus dépenser ça. Si on dépense 86 000 $, on ne pourra pas se chauffer l’hiver prochain.»
Bien qu’elle comprenne l’attachement de la communauté à ce lieu patrimonial et son désir de le sauver, notamment en faisant appel à des organismes à but non lucratif, il est selon elle difficile de voir la lumière au bout du tunnel devant l’ampleur du coût des réparations, le manque de prêtres, de fidèles, de bénévoles et de revenus.
«Repenser la vocation de l’église»
Craignant la vente de ce lieu de culte à des intérêts privés, le comité Sauvons Sainte-Cécile, qui regroupe l’expertise de plusieurs citoyens, s’est donné le mandat de repenser l’usage de l’église.
«Notre objectif est vraiment de soutenir ce travail des bénévoles [de l’église], qui semble épuisant, et de voir comment, avec un peu de sang neuf, de la créativité en immobilier, en finance, en culture et en technologie, on peut repenser l’usage de l’église, mais en toute bienveillance et avec beaucoup de respect pour ce qui a déjà été fait», souligne Lydia Tetyczka.
Préserver le bâtiment
Ayant eu vent de la possibilité de la fermeture de l’église, Martine Musau Muele, conseillère de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, était présente à l’assemblée du 23 octobre.
«C’était important pour nous de savoir ce qui allait être discuté à cette assemblée parce qu’on sait que c’est un lieu très important pour nos citoyens et citoyennes, a expliqué par téléphone la mairesse Laurence Lavigne Lalonde. On a le souhait, à l’arrondissement, que cette église reste un lieu qui puisse bénéficier à la communauté.»
Sur ce dernier point, la mairesse a souligné qu’étant donné le caractère patrimonial et le zonage actuel qui détermine l’usage spécifique du bâtiment et du terrain, «[l’église] ne peut pas être démolie demain matin pour en faire des condos».
«On ne peut pas faire ce qu’on veut avec un bâtiment patrimonial», a réitéré Mme Lavigne Lalonde.