Même si le Québec est l’un des endroits au Canada où l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est le plus accessible, certains obstacles à l’avortement demeurent.
Le 29 juin dernier, 262 médecins québécois ont publié une lettre ouverte demandant au Collège des médecins du Québec de lever toutes les restrictions à l’accès aux avortements médicamenteux (pilule abortive). Certaines de ces restrictions ne sont plus appliquées ailleurs au pays, mais le sont toujours au Québec. Par exemple, ce ne sont pas tous les médecins de famille qui peuvent prescrire la pilule abortive, car une formation particulière est nécessaire au Québec.
Sinon, l’échographie n’est plus obligatoire au Québec depuis le début de la pandémie de COVID-19 – une mesure qui devrait être pérennisée – mais à l’heure actuelle, elle est toujours recommandée par le Collège des médecins. «Réduire les étapes avant d’obtenir la pilule, ça permet de l’obtenir plus rapidement et [de la donner] à plus de personnes possibles», explique la chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Eve-Lyne Couturier.
Rappelons que la pilule abortive doit être prise dans un délai maximum de neuf semaines après le début de la grossesse.
Gratuité des soins
Depuis un jugement de la Cour supérieure du Québec remontant à 2006, les Québécoises couvertes par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) ne doivent plus débourser d’argent pour un avortement ou pour des services connexes, comme l’échographie, l’anesthésie, la rencontre préparatoire et la rencontre post-avortement. Une directive qui s’applique autant aux cliniques privées et aux centres de santé des femmes qu’aux institutions publiques.
Cependant, ce n’est pas l’ensemble des personnes qui sont sur le territoire du Québec qui ont accès à l’assurance maladie, rappelle Eve-Lyne Couturier.
Selon le site du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, pour avoir droit aux services gratuits d’avortement, la requérante doit avoir une carte d’assurance maladie valide, un certificat d’immigration ou autre document qui donne accès à des soins de santé au Québec. Dans le cas contraire, des frais seront exigés si une personne souhaite bénéficier de ce service.
Disparités régionales
Si la gratuité de ces services est acquise pour les Québécoises couvertes par la RAMQ, l’accessibilité est inégale d’une région à l’autre. Le faible nombre de points de services dans certaines régions couvrant un vaste territoire contraint les patientes à faire de longs déplacements, ce qui entraîne des coûts supplémentaires.
Autre obstacle à l’avortement: le manque d’effectifs dans certaines régions et les horaires limités que cela occasionne. En plus de créer de l’anxiété chez les patientes, ces délais d’attente deviennent un obstacle supplémentaire si celles-ci dépassent un certain nombre de semaines, le nombre de points de service offrant des avortements au deuxième trimestre étant plus limité.
Tabou et préjugés
Selon Eve-Lyne Couturier, l’avortement est encore tabou au Québec. «Les gens parlent très rarement des avortements qu’ils ont eus, soutient-elle. C’est encore vu comme un échec de la part de la femme.»
Il semble que ce soit particulièrement le cas pour les avortements effectués après 23 semaines de gestation. Selon un article de La Presse datant de 2020, il y aurait entre 10 et 25 femmes par année qui iraient aux États-Unis pour subir un avortement tardif «parce que personne ici ne veut procéder à l’intervention».
Interrogé à ce propos, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a indiqué que le service d’IVG est assuré au Québec. «Nous ne nous avancerons pas davantage pour assurer la sécurité de nos médecins et de notre personnel», a ajouté le conseiller en communications de l’organisme public.