Une équipe de gastroentérologues du CHU Sainte-Justine a mis sur pied une banque de tissus biologiques pédiatriques pour traiter les maladies digestives, une première au Canada.
Des enfants atteints de diverses maladies, comme la maladie cœliaque, la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, sont sollicités depuis juillet 2022 pour donner des tissus organiques de leur système digestif, du sang, de la salive, des selles et de l’urine. À la fin novembre, plus de 100 donateurs avaient été recrutés.
La biobanque facilite désormais la recherche pour traiter ces maladies digestives, explique la gastroentérologue du CHU Sainte-Justine Kelly Grzywacz.
«Surtout par rapport à la réponse [des patients] aux traitements», précise-t-elle. L’objectif est que la banque permette d’identifier des «biomarqueurs» servant à déterminer comment un patient réagirait à un médicament.
En ce moment, à travers le monde, c’est beaucoup d’essais-erreurs avant de trouver le bon médicament.
Dre Kelly Grzywacz, gastroentérologue au CHU Sainte-Justine
Éventuellement, la biobanque servira également à la recherche sur les maladies du foie.
Afin d’amasser le financement nécessaire pour lancer le projet, la Fondation CHU Sainte-Justine a organisé pendant deux années consécutives le Gala des petits bedons. Au total, environ 500 000 $ ont été recueillis.
Le CHU a ainsi été en mesure d’acquérir le matériel spécialisé pour conserver les tissus biologiques et d’embaucher une assistante de recherche à temps plein.
Donner pour sensibiliser
Thibaud Pelletier, 15 ans, vit avec la maladie cœliaque. Approché en septembre pour devenir un donateur de la biobanque, il a rapidement décidé de participer au projet.
Notamment pour que «le grand public ait conscience de la maladie», explique l’adolescent.
«Personne ne sait ce qu’est la maladie cœliaque […] personne ne sait ce qu’est le gluten», déplore-t-il. Notons que les personnes atteintes de la maladie cœliaque ne peuvent manger de gluten.
Je suis content de pouvoir aider à la découverte d’un remède. Soit pour moi, soit pour les prochaines personnes qui vont avoir [la maladie].
Thibaud Pelletier, donateur de la biobanque
La mère de Thibaud, Véronique Bussières, l’a aidé à outrepasser une légère réticence initiale.
Biologiste de formation, elle avait une certaine connaissance de la médecine et a rapidement compris «qu’il n’y avait pas de risque», explique-t-elle.
«Je n’ai pas hésité, tout de suite j’ai vu le potentiel», ajoute celle dont les trois fils sont atteints de la maladie cœliaque et qui ne cache pas «son admiration pour le projet».
Qu’est-ce que la maladie cœliaque?
«Chez les gens qui ont cette maladie, le gluten est perçu comme quelque chose de néfaste par le système immunitaire. Le système immunitaire va donc monter une attaque contre le gluten», résume la Dre Kelly Grzywacz.
Les villosités, soit «les petits doigts» dans l’intestin qui servent à absorber les nutriments dans les aliments, sont abîmées par cette réaction immunitaire, explique-t-elle. «Tout ça est réversible. Quand on arrête le gluten, l’intestin va s’autoréparer.»
Les symptômes de cette maladie auto-immune sont très variables. Certains patients subissent une grosse dénutrition, des douleurs importantes et de la fatigue, alors que d’autres ont très peu de symptômes, précise la gastroentérologue.
Peu importe la gravité des symptômes, il est important de ne pas manger de gluten pour éviter les complications à long terme, ajoute la Dre Grzywacz. La maladie pourrait notamment causer des complications osseuses, des problèmes de foie et même un cancer intestinal.
Selon Cœliaque Québec, environ 1% de la population serait atteinte de la maladie cœliaque. Cela représente environ 360 000 Canadiens et plus de 82 000 Québécois. Par ailleurs, 90% des personnes atteintes l’ignoreraient.