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Fabrice Vil, coach de coachs

Photo: Daphné Caron/collaboration spéciale

Chaque année, le Mois de l’histoire des Noirs nous rappelle les étapes qui ont mené à l’émancipation des communautés noires. Pour souligner le chemin qui reste à parcourir, Métro publie tout au long du mois de février des portraits de Montréalais qui travaillent à ce que le racisme, la discrimination et les inégalités deviennent de l’histoire ancienne. Notre série se poursuit avec le portrait de Fabrice Vil, fondateur de l’organisme Pour 3 points.

L’organisme Pour 3 points commence à être connu. L’histoire de son instigateur, ce jeune avocat qui a largué le gros salaire et la carrière prometteuse pour aider les jeunes en difficulté, semble marquer l’imaginaire, à l’ère de la profitabilité et du chacun pour soi. Depuis la fondation de l’organisme en 2010, des artistes se sont joints à la cause, les fonds ont commencé à affluer, les objectifs se sont précisés, et Fabrice Vil peut enfin dire qu’il a les deux pieds dans sa nouvelle vocation d’entrepreneur social.

La mission de Pour 3 points est demeurée la même: encourager la persévérance scolaire des jeunes issus de milieux défavorisés à travers le basketball. Les moyens d’y parvenir ont été revus à la lumière de l’expérience terrain. «Au départ, Pour 3 points devait être un programme d’intervention auprès des jeunes. On a réalisé qu’on obtiendrait de meilleurs résultats en formant des adultes, explique Fabrice Vil. Aider un jeune, c’est lourd et demandant. On a décidé d’aider des coachs à aider des jeunes. De cette façon, on profite d’un effet multiplicateur.»

Depuis, un programme savamment conçu a été mis en place pour transformer des coachs de basket en coachs de vie. «Seuls de 5 à 10% des coachs ont une formation adéquate, dit Fabrice Vil. Ça signifie que 90% d’entre eux ne sont pas outillés pour aider les jeunes à développer des habiletés de vie. Pourtant, le sport offre plusieurs occasions pour un jeune de réfléchir à son attitude et à son comportement.» Résultat, des adultes bien intentionnés interviennent maladroitement. Un exemple? Ils recourent à la punition systématique. «C’est impossible de développer la confiance de quelqu’un si tu le punis tout le temps», explique Fabrice Vil. Voilà le genre de leçon que des coachs, minutieusement choisis, apprennent durant la formation de deux ans que leur offre Pour 3 points.

On pourrait croire que, dans la persévérance scolaire par le sport, c’est l’effet de la carotte et du bâton qui est à l’œuvre: tu performes bien à l’école, tu maintiens ton privilège de faire partie de l’équipe. «C’est le contraire! pense Fabrice Vil. C’est en laissant le jeune jouer au basket qu’on l’amène à comprendre que ses aptitudes sportives peuvent avoir un impact dans les autres sphères de sa vie.»

L’entrepreneur social en sait quelque chose, puisqu’il a lui-même bénéficié d’un des meilleurs programmes de basketball en ville. Il partait toutefois de beaucoup moins loin que les jeunes qu’il aide. Comment un ancien étudiant de Brébeuf, issu d’un milieu «pas riche, mais pas pauvre», a-t-il été amené à embrasser la cause des jeunes des quartiers défavorisés? «C’est sûr que le fait d’être d’origine haïtienne me sensibilise à la condition de cette communauté, traditionnellement défavorisée. J’ai échappé à cette réalité, mais quand tu es un jeune Noir, forcément, tu la côtoies tout au long de ton parcours scolaire, de par tes amis, tes voisins, tes influences.» Souhaitons que cela change, trois points à la fois.

Pour 3 points
«3 points» fait référence au pointage le plus élevé qui, au basket-ball, peut être obtenu par la réussite d’un seul lancer.

  • L’ajout du mot «Pour» devant cette expression est lié au dynamisme, à l’intention de viser et de réussir le lancer de 3 points.
  • L’organisme a choisi ce nom pour évoquer l’idée selon laquelle la réussite constitue un objectif ambitieux pour chaque étudiant-athlète participant à son programme.
  • Pour en savoir plus : pour3points.ca

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La suite de notre série

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