Le fils de Jean: Secrets de famille

Le cinéaste français Philippe Lioret déménage son univers mélancolique au Québec pour Le fils de Jean, qui raconte les aventures émouvantes d’un homme qui se trouve une famille de substitution en allant enterrer un père qu’il ne connaît pas. Évidemment ce voyage qui changera de nombreuses existences comportera son lot d’émotions enfouies, gracieuseté d’un réalisateur – celui de L’équipier et de Toutes nos envies – qui a toujours mis l’être humain au centre de ses préoccupations.
Il semblerait que cela fait longtemps que vous avez eu cette idée de film…
En effet. J’ai fait mes quatre derniers films avant de pouvoir m’y consacrer. J’ai finalement pu acheter les droits du livre (de Jean-Paul Dubois). Par honnêteté, car ce que je voulais raconter n’y était pas. L’histoire avait besoin d’air, d’espace pour exister, et c’est ici qu’elle devait se passer.
Ce nouveau long métrage me rappelle énormément votre excellent Je vais bien, ne t’en fais. C’est normal?
Peut-être qu’il y a des relations dans la structure narrative. Ce qui est étrange dans ce que vous dites, c’est que les deux histoires me concernent. Dans les deux cas, il y a des choses très personnelles, que j’ai côtoyées de très près.
Lesquelles?
Je fais des films pour cacher tout ça derrière la fiction. Même sous la torture, je ne répondrais pas à des questions personnelles! (Rires) Ce qui est personnel, c’est toujours un rapport à une filiation, au père. Les histoires de famille, c’est LA grande aventure. C’est le territoire de tous les mystères, de tous les secrets, de toutes les découvertes. De tout ce qui nous construit, de ce qui peut nous déconstruire et de ce qui peut nous reconstruire.
«Je voulais me sortir d’un contexte social et politique que j’avais exploré dans Welcome. J’avais envie de rester, non pas dans l’intime, mais dans l’intimité. Celle des relations entre les personnages. Ce film a été pour moi, et le plus simple à écrire, et le plus difficile à calibrer.» –Philippe Lioret, réalisateur du Fils de Jean
Le choix de Gabriel Arcand pour la figure paternelle relevait de l’évidence?
Oui. Quand j’ai fini d’écrire, je suis tombé sur Le démantèlement, de Sébastien Pilote, et en 10 minutes, j’ai su que c’était lui. Je pense que si Gabriel n’avait pas été acteur, si je l’avais croisé, ça aurait été lui tout de même. Il possède cette capacité de s’effacer complètement dans un rôle et d’apporter sa nature profonde au personnage.
Vos personnages prodiguent des «leçons de vie». Comment arrive-t-on à le faire en demeurant subtil et sans prêcher?
Quand on n’écrit pas un scénario en surface et qu’on va dans les personnages, il arrive un moment où ce sont les personnages qui parlent par eux-mêmes. On ne peut pas leur faire dire n’importe quoi. Le scénariste ne peut pas arriver avec un deus ex machina. Les intentions, ce sont les gens qui les tiennent en eux, et ce sont eux, par leur personnalité, qui les guident et les traversent.
Le fils de Jean
En salle vendredi