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Hochelaga, Terre des Âmes: les racines montréalaises

Sélection 
du Canada aux Oscars, Hochelaga, Terre des Âmes a beaucoup fait les manchettes en 2017. Il est enfin possible de découvrir le nouveau film de François Girard, dans lequel Samian nous guide dans les entrailles de Montréal.

Un immense trou est apparu dans le Stade Percival, au pied du mont Royal. À tel point qu’un anthropologue est envoyé pour percer ses secrets. Dès qu’il découvre un artefact, le spectateur est entraîné dans le passé. Sept cent cinquante ans d’histoire défilent ainsi à l’horizon, montrant les relations entre les gens qui ont foulé ce lieu unique.

Reprenant les notes magiques de son Violon rouge, François Girard fait œuvre de mémoire, multipliant les ellipses temporelles et les destins de personnages, mettant son immense savoir-
faire technique au profit d’un projet ambitieux où les esprits d’hier demeurent bien présents.


Photo: Josie Desmarais/Métro

«C’est un véritable poème», laisse échapper en entrevue Samian, renconté dans un hôtel du Vieux-
Montréal. Le musicien québécois d’origine algonquine a été approché par le cinéaste pour interpréter un double rôle (ceux d’un anthropologue et d’un guerrier), rappelant au passage que c’est toujours le cinéma qui est venu frapper à sa porte.

«J’ai le privilège d’être entouré par de grands acteurs, admet-il, en repensant à ses participations aux longs métrages Roche, papier, ciseaux, Scratch et Chasse-galerie: La légende. Quelle bénédiction de s’appuyer sur eux et de les regarder! C’est de cette façon-là que j’ai appris.»
Ses partenaires de jeu ou ceux qui apparaissent à l’écran sont cette fois Gilles Renaud, Emmanuel Schwartz, Sébastien Ricard, David La Haye et même Monsieur Costumes en personne, Vincent Perez (en Jacques Cartier!).

On retrouve également plusieurs comédiens issus des Premières Nations. Un souci de véracité constant, à l’image des dialectes utilisés, qui incluent des langues algonquines et iroquoiennes. 
Les Amérindiens sont d’ailleurs au cœur du projet, imprégnant celui-ci de leur culture et de leur spiritualité. À tel point que, lorsque l’œuvre a été présentée dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal, plusieurs personnalités ont parlé du film de la réconciliation.

«Ce serait hypocrite de dire qu’il y a une réelle réconciliation, tant et aussi longtemps que ce n’est pas abordé sur la place publique, que ce n’est pas enseigné dans les écoles, que les gens ne sont pas conscients que c’est un régime d’apartheid et de tyrannie, relativise toutefois Samian. Il y a eu le 375e de Montréal, mais il y a aussi le 150e du Canada, alors que la Loi sur les Indiens est en vigueur depuis 142 ans. Ne venez pas me parler de réconciliation. On peut parler de reconnaissance, de prise de conscience… Mais au-delà de tout ça, je souhaite que 
le film soit présenté dans 
des écoles de façon pédagogique, pour que ça puisse susciter un débat et une réelle
discussion.»

Douleur vive
On ne voit David La Haye que quelques minutes à l’écran. Il fait pourtant grande impression en colon qui se sait condamné par la maladie. «Mon intensité était folle, se rappelle le comédien, qui était à l’affiche du Violon rouge et de Nouvelle-France, et qu’on verra prochainement dans l’énigmatique film All You Can Eat Buddha. J’avais juste quatre jours de tournage, mais c’est un rôle qui demandait une préparation émotionnelle énorme. Il fallait que je me prépare comme si je devais jouer Hamlet. Il y avait des hallucinations à jouer, de la souffrance physique et spirituelle. François me disait que le personnage représentait la Grande Noirceur du Québec sur le plan religieux… Dans ma préparation, je me suis beaucoup inspiré des images des enfants syriens qui se sont fait gazer au 
gaz sarin.»

Hochelaga, Terre des Âmes
En salle le 19 janvier

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