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Génération Y: La famille avant la carrière?

Businesswoman With Daughter Using Blackboard Photo: Métro
Josiane Roulez - 37e avenue

Selon une étude de la Harvard Business School, 37 % de ses diplômées de la génération du millénaire comptent faire des concessions relativement à leur carrière pour élever leurs enfants, contrairement à 28 % des femmes de la génération X et à 17 % des bébé-boumeuses. Un recul? Oui… et non!

«Certains diront qu’il s’agit d’un recul flagrant. Pour ma part, je pense plutôt que les femmes reconnaissent qu’élever des enfants, ça demande du temps! affirme Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme. Les bébé-boumeurs se sont battues pour faire des études, prendre leur place sur le marché du travail et gravir les échelons. Elles ont fait beaucoup de sacrifices. Aujourd’hui, les femmes réalisent qu’il est impossible de travailler 80 heures par semaine tout en accordant beaucoup de temps à leurs enfants, et elles font des choix plus sains. Malheureusement, aux États-Unis, les politiques familiales sont inexistantes.»

Les mères et les futures mères américaines font donc face à des choix déchirants, car il n’existe ni congé de maternité, ni système de garderies à faible coût aux États-Unis. Résultat : elles sont de plus en plus nombreuses à choisir de rester à la maison.

Selon le U.S. Bureau of Labor Statistics, le pourcentage de mères au foyer est passé de 23 % en 1999 à près de 30 % en 2013 dans ce pays. De plus, comme le salaire des femmes américaines est souvent le plus faible du ménage, elles auraient davantage tendance que les hommes à mettre leur carrière de côté. En effet, en 2014, elles recevaient en moyenne 0,79 $ à peine pour chaque dollar gagné par un homme.

«Aujourd’hui, les femmes réalisent qu’il est impossible de travailler 80 heures par semaine et tout en accordant beaucoup de temps à leurs enfants, et elles font des choix plus sains.» -Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme

Et au Québec?
Au Québec, la situation est bien différente, car les femmes ont plus de possibilités que jamais en matière de conciliation travail-famille. Cependant, elles doivent protéger les acquis chèrement gagnés par celles qui les ont précédées.

«Nous avons un congé parental qui permet aux pères et aux mères de prendre du temps pour s’occuper de leurs enfants, et un excellent service de garde subventionné. Avec l’avènement des centres de la petite enfance, en 1998, on a assisté à un boum du taux d’activité professionnelle chez les mères. Toutefois, les coupures récentes en éducation menacent les CPE. Il faut les protéger à tout prix! Autrement, nous verrons inévitablement un recul dans le taux d’activité des femmes», affirme Nathalie Goulet, directrice du Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail.
Selon un rapport du Comité consultatif Femmes en développement de la main-d’œuvre réalisé en 2013, plus de 80 % des mères québécoises travaillaient en 2006. Le salaire horaire moyen des femmes était cependant de 10 % inférieur à celui des hommes, et cet écart augmentait à 25 % pour les femmes sans diplôme d’études secondaires. De plus, les femmes assumaient toujours la plus grande part des travaux ménagers ainsi que des soins aux enfants et aux proches dépendants, et étaient plus susceptibles de travailler à temps partiel, de se retirer du marché du travail ou de se retrouver au chômage.

«Il faut travailler à renverser les stéréotypes. Aux États-Unis comme au Québec, les femmes portent toujours le fardeau psychologique de faire leurs choix de carrière en fonction des enfants qu’elles désirent, déplore Julie Miville-Dechêne. J’encourage les femmes à ne pas renoncer à leurs ambitions, et à discuter avec leur conjoint d’un partage égalitaire dans leurs rôles de parents. Il reste un immense travail à faire pour changer les mentalités et atteindre une réelle équité.»

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