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Blue Monday: la réalité vs l’opération marketing

Depuis une décennie, le 3e lundi de l’année, le lundi blues, mieux connu sous l’appellation du Blue Monday, s’est bâti la réputation de la journée la plus déprimante de l’année, une situation que les intervenants du milieu de la santé mentale ne voient pas d’un bon œil.

Le Blue Monday a été inventé par le professeur Cliff Arnall de l’université de Cardiff au Royaume-Uni qui affirmait que le 3e lundi de janvier serait la journée la plus déprimante de l’année. Le temps généralement maussade, la première journée de la semaine, les dettes d’après Noël et les résolutions non tenues seraient tous des éléments contribuant à rendre cette journée particulièrement difficile.

Toutefois, sur le terrain, cette réalité est tout sauf fondée selon les spécialistes œuvrant dans le domaine de la santé mentale. «Ce n’est absolument pas vrai, assure la présidente du conseil d’administration du Centre de crise de Québec, Lise Lavoie. On n’a rien avec un certain sérieux qui confirme ça.»

D’ailleurs, l’étude du professeur Arnall a été commandée par une agence de voyages pour promouvoir les vacances au soleil. «C’est seulement pour envoyer plus le monde dans le Sud», déplore Mme Lavoie.

Celle qui œuvre dans le domaine depuis plus de 40 ans tient à rappeler que la détresse humaine peut arriver à n’importe quel moment dans l’année. «C’est déjà très difficile tous les tabous qui entourent la santé mentale, la crise, la détresse humaine, croit Mme Lavoie. Ça entretient des mythes, je trouve ça très dommage.» Le temps des Fêtes, l’isolement, la fermeture d’une industrie ou le taux de chômage peuvent tous contribuer à la détresse psychologique des gens, peu importe la date.

Une façon d’en parler
Même si le directeur général de l’organisme Revivre, Jean-Rémy Provost, voit plus dans le Blue Monday une attrape marketing qu’autre chose, c’est aussi selon lui une opportunité d’aborder la maladie. «C’est un coup publicitaire, on en prend et on en laisse, estime-t-il. En même temps, est-ce qu’il y a une opportunité de parler de gens qui ont une souffrance? Oui, peut-être, et c’est correct aussi dans ce sens-là.»

Jean-Rémy Provost convient que les froides journées d’hiver sont un moment dans l’année où les symptômes s’aggravent chez ceux qui souffrent de dépression saisonnière. «Ce n’est pas nécessairement la journée du Blue Monday, mais c’est une période où les journées sont courtes, où il y a eu l’effet du temps des Fêtes, etc.» Selon lui, environ 15% de la population vit une forme de blues hivernale, tandis que 2% à 3% souffrent de dépression saisonnière.

L’avènement des médias sociaux a contribué à donner à cette journée sa popularité aujourd’hui décriée. «Ça fait une bonne nouvelle à répandre, un sujet de discussion», estime M. Provost, qui rappelle que l’information pour en connaître davantage sur la maladie mentale peut se trouver sur les sites internet des organismes œuvrant dans ce domaine.

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