Une dualité se dessine de plus en plus entre la Coalition avenir Québec (CAQ) et le parti de gauche Québec solidaire (QS). Les deux formations s’attaquent de plus en plus, et la CAQ a commencé à distribuer des tracts contre les «taxes orange» de son rival.
À l’issue du premier débat des chefs, jeudi, Gabriel Nadeau-Dubois clamait: «L’alternative à Legault, c’est Québec solidaire.» Une volonté à peine cachée de vouloir s’imposer comme le candidat le plus réaliste pour remplacer le premier ministre sortant. «Le vote, c’est le 3 octobre, et je vais accomplir le mandat que les électrices et électeurs vont me donner. Si c’est celui de chef de l’opposition officielle, je vais être prêt à livrer la marchandise», a-t-il déclaré.
Mais cette fin de semaine, le co-porte-parole de Québec solidaire (QS) est allé encore plus loin, clamant que la campagne électorale ressemblait de plus en plus à une lutte à deux entre son parti et la CAQ.
Je pense qu’on est en train, à Québec solidaire – et je dis bien on est en train –, de s’imposer comme l’alternative à la CAQ.
Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire (QS)
Ces propos tenus samedi par M. Nadeau-Dubois ont provoqué des réactions chez plusieurs de ses adversaires. Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a notamment critiqué le style de campagne de son rival solidaire. Même son de cloche du côté de la cheffe libérale, Dominique Anglade: «Ce n’est pas aux adversaires de définir qui sera choisi par les Québécois et je pense que pour un jeune politicien, il fait pas mal de vieille politique», a-t-elle dit.
Pour le principal intéressé, c’est un faux débat. «Quand on regarde le temps que passe François Legault à critiquer les propositions de Québec solidaire, quand on regarde la campagne de publicité négative qu’il a lancée pour s’attaquer à Québec solidaire, moi, la dynamique que je vois depuis le débat des chefs, c’est de plus en plus deux visions qui s’affrontent: celle des solidaires, celle des caquistes», a-t-il confirmé dimanche, lors d’un point de presse.
Le débat à TVA, un tournant?
Le co-porte-parole de QS est de plus en plus la cible de ses rivales et rivaux. Lors du Face-à-face de TVA, Dominique Anglade l’a attaqué à plusieurs reprises, notamment à propos du fait qu’il avait voté en faveur de la loi 96. «J’ai été très surprise parce que vous savez à quel point ça touche les gens et à quel point on a besoin de protéger nos minorités», lui a-t-elle lancé.
En réplique, Gabriel Nadeau-Dubois a reproché à Mme Anglade de ne pas avoir été tenace comme cheffe de l’opposition officielle.
Bien que le chef parlementaire de QS considère Legault comme son principal adversaire, cela ne l’a pas empêché de marcher en terres libérales, sur la circonscription même de Dominique Anglade vendredi dernier, au lendemain du débat.
«La question, c’est: quelle est la dynamique de la campagne électorale? Moi, ce que je remarque, […] c’est que depuis le début, et surtout depuis le [Face-à-face de TVA], François Legault passe énormément de temps à s’en prendre à Québec solidaire. Je pense que ça révèle ce qui est en jeu pour l’avenir du Québec», a-t-il répété dimanche.
Legault et les taxes orange
Pourtant, si les autres partis ont tous dénoncé les propos tenus par le co-porte-parole de Québec solidaire, le principal intéressé s’est, lui, montré d’accord avec M. Nadeau-Dubois.
«Il y a deux visions très claires qui s’affrontent, une vision qui est plus réaliste et qui tient compte des préoccupations des Québécois et une vision qui pense que l’argent pousse dans les arbres avec M. Nadeau-Dubois et ses taxes orange. Nous, à la CAQ, on pense, surtout avec la situation de l’inflation actuellement, qu’il faut redonner de l’argent aux Québécois», a martelé le chef caquiste en marge d’un point de presse, dimanche.
Le parti de M. Legault a lancé une campagne pour ridiculiser la politique fiscale promise par QS. À Montréal, des partisans caquistes ont déposé des tracts dénonçant les «taxes orange» des solidaires sur des véhicules.
Mme Anglade, cheffe de l’opposition officielle sortante, y voit pour sa part la force des libéraux. «Si François Legault désigne ses adversaires et pas moi, c’est parce qu’il sait très bien que le seul parti qui est capable de le confronter, d’un point de vue économique, c’est le PLQ», a-t-elle analysé dimanche.
D’ailleurs, dès la sortie du débat, les tout premiers mots de M. Legault étaient destinés à son rival solidaire. «Le premier des sujets qui étaient importants pour moi, c’était de démontrer que le plan de Gabriel Nadeau-Dubois n’était pas réaliste de réduire de 55% les GES d’ici 2030», avait-il déclaré.
Rappelons que la lutte pour la deuxième place continue d’être serrée. En date du 19 septembre, dans les projections de vote, la CAQ mène largement (40%) alors que le PLQ (17%), le Parti conservateur du Québec et QS sont au coude-à-coude (15%).