Le budget 2020 de la Ville de Montréal a été officiellement adopté mercredi soir, avec 38 voix pour et 21 voix contre, malgré la dissidence de l’opposition officielle qui dénonce la forte hausse des dépenses.
«La dette a atteint un niveau hors de contrôle», a déploré le maire de l’arrondissement Saint-Laurent, Alan DeSousa, lors d’une séance extraordinaire du conseil municipal portant sur l’adoption du budget et du Programme triennal d’immobilisations de la Ville.
Le parti Ensemble Montréal a vivement critiqué mercredi le dernier budget de l’administration de Valérie Plante, dévoilé le 25 novembre. Celui-ci prévoit une hausse des dépenses de 8% par rapport à l’exercice précédent, ce qui représente près de 463 M$ sur un budget de 6,17 G$.
La hausse des dépenses est ainsi nettement supérieure à celle des budgets de 2019 (4,3%) et de 2018 (5,2%).
«On est en train d’atteindre des niveaux astronomiques de dépenses.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal
Une dette croissante
La dette de la Ville atteindra l’an prochain 110% de ses revenus, une situation jugée inacceptable par l’opposition.
«Cette administration est en train de demander un chèque en blanc pour pouvoir continuer de s’endetter pendant sept ans», a ajouté M. DeSousa.
Dans son budget, l’administration municipale mentionne qu’elle entend permettre que ratio d’endettement de la Ville atteigne 120% jusqu’en 2026. Ce pourcentage devrait s’établir à 100% en 2027.
«Ce sont nos enfants qui vont payer», a laissé tomber le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez.
Ce dernier a déploré que la Ville déroge ainsi à sa politique de gestion de la dette, qui prévoit que la dette ne devrait pas dépasser 100% des revenus.
«S’ils avaient la même préoccupation pour les enjeux financiers que [celle] qu’ils ont pour les enjeux de transition écologique et les changements climatiques, bien là, ce serait quelque chose de très intéressant», a laissé tomber M. Perez.
Lors de la séance du conseil municipal de lundi prochain, l’opposition officielle présentera une motion demandant à la Ville de déposer un plan de redressement prévoyant des mesures pour contenir sa dette croissante. L’opposition vise la fin mars.
«On va en faire plus»
Une partie de la hausse des dépenses de la Ville en 2020 est liée aux dépenses dans les infrastructures routières et d’aqueduc. Aussi, on prévoit allouer plus de 1 G$ au service de la dette l’an prochain, soit environ 16% du budget total.
«On va en faire plus et ça ne coûtera pas plus cher aux Montréalais parce qu’on a gardé les [hausses] de taxes à l’inflation», a pour sa part affirmé Mme Plante.
Dans son budget 2020, la Ville prévoit une hausse moyenne des taxes municipales de 2,1%. Ce taux dépasse toutefois 3% dans plusieurs arrondissements, dont Verdun et le Plateau-Mont-Royal.
Le président du comité exécutif, Benoit Dorais, a rappelé que la Ville a réussi «à diversifier ses sources de revenus». Il a ainsi fait référence à la conclusion en septembre d’un nouveau pacte fiscal entre les municipalités du Québec et le gouvernement Legault.
Trop d’employés
Dans son rapport minoritaire sur le budget, Ensemble Montréal déplore l’ajout d’employés dans certains secteurs de la Ville. L’opposition, qui a analysé les budgets 2019 et 2020 de l’administration, souligne que le nombre d’employés aux ressources humaines «s’est accru de 61 personnes».
«Quel est le plan de la Ville de Montréal pour réduire le nombre d’employés [municipaux] payés par la dette?», a questionné le conseiller municipal dans Montréal-Nord, Abdelhaq Sari.
Ensemble Montréal déplore par ailleurs que la Ville a ajouté 115 personnes au Service des technologies de l’information en deux ans.
«Ces gens-là sont en train de faire la transformation numérique […]. Nous avons des systèmes archaïques», a justifié le président du comité exécutif, Benoit Dorais.