BIXI Montréal fait face à de nombreux défis alors que la crise du coronavirus affecte son achalandage, crée de la pression sur ses employés et réduit ses revenus publicitaires. La baisse de la popularité du transport en commun pourrait toutefois contribuer rehausser celle des vélos en libre-service, estime l’organisme.
Depuis le 15 avril, les Montréalais peuvent de nouveau profiter du service de BIXI pour se déplacer. Toutefois, bien que l’organisme ait augmenté les protocoles de désinfection de ses 7270 vélos et de ses 610 stations en plus d’offrir un abonnement gratuit d’un mois aux travailleurs de la santé, le service tarde à retrouver sa popularité des dernières années.
Des données fournies à Métro par l’organisme font état d’une moyenne de 6600 déplacements quotidiens pendant la semaine du 20 avril, contre environ 14 000 déplacements par jour pendant le mois d’avril 2019. La popularité des vélos en libre-service varie évidemment en fonction du beau temps. Mais même le samedi 25 avril, alors que de nombreux Montréalais ont profité du temps clément pour enfourcher leur vélo, BIXI n’a enregistré que 11 000 déplacements.
Du transport en commun à BIXI
Le directeur général de BIXI Montréal, Christian Vermette, accueille toutefois ces statistiques avec soulagement.
«Notre scénario pessimiste, c’était une baisse d’achalandage de 80%», confie-t-il à Métro. Une prévision qui se basait notamment sur la baisse d’achalandage drastique que subit la Société de transport de Montréal depuis le début de la pandémie
«Le début [de la saison] a été un peu timide, mais plus le mois avance, plus c’est encourageant. Le scénario est plus optimiste que prévu», ajoute M. Vermette.
Ce dernier estime d’ailleurs que BIXI pourrait bénéficier de la baisse d’achalandage du transport en commun dans les prochaines semaines, alors que l’économie reprendra progressivement. Certains citoyens pourraient préférer circuler en vélo plutôt que de s’entasser dans le métro, croit-il
«Notre nombre de membres, l’an passé, c’était 38 000. En ce moment, on est à peu près à 32 000. On se maintient. Il suffit qu’une fraction des usagers du métro se tournent vers BIXI et on risque d’avoir du fun», lance M. Vermette. Ce dernier souligne d’ailleurs que le vélo connaît actuellement une popularité croissante dans plusieurs villes à travers le monde en raison de la crise sanitaire.
L’an dernier, BIXI Montréal a connu une hausse de 8% de son achalandage pour un total de plus de 5,8 millions de déplacements. L’organisme avait ainsi réussi à conserver sa clientèle, malgré la compétition exercée l’été dernier par les vélos électriques JUMP, gérés par Uber, et les trottinettes électriques de Lime et de Bird.
Habitudes chamboulées
BIXI Montréal doit aussi jongler actuellement avec des changements importants dans les habitudes de déplacements de ses usagers, qui influencent les activités de ses employés chargés de remplir les bornes en fonction de la demande.
Ainsi, le service ne connaît plus de période de pointe du matin, tandis que l’achalandage augmente en après-midi et en soirée. En fait, 75% des déplacements quotidiens s’effectuent actuellement entre 15h et 20h. Les déplacements sont également plus locaux, alors que moins de Montréalais convergent au centre-ville.
«Notre planification, depuis 2009, est similaire chaque année. Maintenant, c’est complètement différent», constate M. Vermette. L’organisme doit donc revoir complètement la façon dont il gère sa flotte de vélos au quotidien.
«C’est une grosse année. On est toujours en train de se questionner, de revoir les plans.» -Christian Vermette, directeur général de BIXI Montréal
Enjeux financiers
L’organisme fait aussi face à des enjeux financiers. BIXI Montréal tire environ 25% de ses revenus de la Ville, 50% de l’achalandage et 25% de «publicités et de commandites», explique M. Vermette. Or, en plus d’une baisse d’achalandage, l’organisme peine cette année à trouver des commanditaires désirant s’afficher sur ses vélos.
«Vingt-cinq pour cent, c’est une baisse de revenus importants. Ça crée une pression à l’interne sur les employés, c’est clair», reconnaît M. Vermette.